Korner Éva - Gellért Andor szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 5. szám (Budapest, 1965)
confusion dos événements politiques imprévus, souvent difficiles à suivre. (La dissolution du Parti, le pacte soviétoallemand précédant de près le déclenchement de la guerre, la guerre elle-même, puis l'agression allemande contre l'U.R.S.S., les succès rapides des nazis à l'époque initiale, et ainsi de suite). Il n'est pas difficile de reconstruire tous ces événements, mais il faudrait avoir des connaissances psychologiques bien approfondies pour pouvoir en déterminer, ne serait-ce qu'en grandes lignes, l'influence sur le Groupe, les tâches qui s'imposaient et changeaient sans cesse, et le réfléchissement do ces phénomènes dans les oeuvres, lin examinant les rapports des disciples et du maître, nous ne devons point perdre de vue un facteur essentiel: Derkovits était un génie, il voyait plus loin que n'importe quel membre du Groupe, même lo plus doué et le mieux formé idéologiquement. Nous voyons l'imitation en général dans la parenté ou dans l'identité de leur conception du monde, el dans le choix des thèmes qui en est la conséquence. L'influence plus concrète — comme par exemple l'emprunt des motifs, les ressemblances dans la composition, la parenté plus ou moins accentuée des types — n'est pas difficile à démontrer dans les œuvres des membres du Groupe. Commençons par exemple par l'Agent de police de Horthy (Fig. 5.), œuvre unique du sculpteur György Goldmann qui soit une satire meurtrière. Si nous nous rappelons les dessins de Derkovits faits à l'occasion de la même manifestation du 1 er septembre 1930 (Fig. 7.), le rapprochement s'impose. Seule l'identité de la manière de voir et de l'expérience peut créer cette parenté étroite, identité, à vrai dire, qui se montre chez Derkovits dans les figures des agents frappant les manifestants avec le plat du sabre, et chez Goldmann dans la figure de l'agent brutal, grossier et infatué. Nous retrouvons plusieurs réminiscences de la composition de Derkovits Sur la voie ferrée (Fig. 9.), quoique ses motifs soient dispersés. Chez Pál Juhász c'est sur le Pont Ferdinánd et chez Károly Háy dans la conception de la Récolte des pommes de terre (Fig. 8.) qu'ils reviennent: des trains qui filent dans un marge do fumée et de vapeur. Sur le dessin de Béla Bán intitulé La guerre (Fig. 6.), la figure immense de la mère endeuillée, mais aussi ses figures féminines ultérieures évoquent la grande masse de la femme au châle du Souci (Fig. 10). Endre Fenyő emprunte sans hésitation pour sa Nature morte aux outils (Fig. 11.) le motif du petit morceau de pain qu'il met sur du papier blanc, parmi d'autres objets rangés devant la fenêtre ouverte, donc en dehors et à l'intérieur. L'aquatinte de Pál B. Juhász représentant une Mère prolétarienne, une femme enceinte au châle agité par le vent, mais aussi sur le Pont Ferdinánd (Fig. 12.) avec une tête de femme au coin gauche du premier plan, et peut-être l'Aube dans le train (Fig. 13.), ce chef-d'œuvre graphique de György Kondor ont puisé dans Sur le voie ferrée parce que même si l'artiste fut inspiré par sa propre expérience, nous découvrons incontestablement dans l'œuvre l'ascendant de Derkovits, son influence enchanteresse. Sur le tract qui porte le mot d'ordre «Mettez en liberté Mátyás Rakosi» (Fig. 14) les deux mains ébranlant la grille de prison, rappellent le moine Lőrincz, et davantage encore la figure dominante de la banderole de 1930 (Fig. 15.) qui n'en est en somme que la transposition. Et enfin la série « No pasaran » (Fig. 16.) d'Ernő Berda, où il a créé — d'après «1514», ce qu'il avoue ouvertement — les figures en noir et blanc du vandalisme du 20 e siècle dont la brutalité atroce est à peine concevable. Dans l'écrasement sanglant de la démocratie espagnole, il comprit le danger universel du fascisme, contre lequel il protesta dans ses estampes, tout comme Derkovits s'était élevé contre la répression du mouvement d'affranchissement du 16 e siècle (Fig. 17.). Toutes les deux séries partent d'une situation historique pour faire allusion aux forces de répression toujours présentes, aux classes dirigeantes qui veulent garder leur pouvoir par tous les moyens et aux révolutionnaires qui acceptent n'importe quelle souffrance pour obtenu' la liberté. Ce sont seulement des exemples pris au hasard: on ne pourrait procéder à une comparaison, on ne pourrait découvrir l'influence de Derkovits sur l'activité du Groupe qu'au prix d'une analyse de chaque image au point de vue des thèmes et des formes. Pour éclairer tout le complexe, il faudrait beaucoup de temps et des études analytiques beaucoup plus nombreuses que celles que nous y avons consacrées jusqu'à présent. Les quelques exemples que nous venons de citer avec leurs interdépendances ne font qu'indiquer l'importance de la tâche à accomplir, et à notre avis, nous sommes nombreux à pouvoir nous en charger, et à donner des résultats partiels dont se formera le système net de l'influence et de l'imitation. Car il n'y a jais que l'activité du Croupe des Artistes Socialistes qui s'est enrichie par la grandeur et le rayonnement de l'œuvre de Derkovits, et nous avons bon espoir de pouvoir suivre ses traces dans des milieux qui lui ont succédé et succéderont à des époques ultérieures. Anna Oelmacher