dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

LA VIE DE ROBERT BERENY DE SON ENFANCE À SON ÉMIGRATION À BERLIN Nous consacrons cette étude à la vie et à l'activité de Róbert Berény, une des figures les plus marquantes dans l'histoire des beaux-arts hongrois au XX e siècle, peintre doué de dons très divers, riche en réussites et posant des problèmes qui nécessitent des recherches poussées. Pour la mener à bien, nous avons pris en considération les juge­ments de ses contemporains, en particulier ceux des criti­ques de l'époque, nous avons mis à profit aussi le témoi­gnage écrit, les renseignements donnés par ses amis qui lui ont survécu. En remontant le cours de la vie de Berény, nous avons cherché avant tout les rapports de sa carrière avec les beaux-arts, mais il nous a fallu, en raison de la riche personnalité de notre peintre attiré par toutes les manifestations de l'esprit humain, examiner aussi les autres domaines de sa curiosité, en premier lieu ses acti­vités en tant que musicien et critique. Nous avons dû aussi étudier son oeuvre entreprise en commun avec les peintres animés des mêmes tendances que lui, en compa­gnie desquels il se présentait au public, ce qui nous a conduit à résumer très brièvement l'histoire du groupe de peintres connu sous le nom de Huit, parce que c'est à l'année de la constitution de ce petit groupe que se rattachent les documents les plus précieux concernant les débuts du jeune peintre. La critique d'art a bien négligé jusqu'à nos jours l'étude de l'activité de Berény pendant la première guerre mondiale. Nous avons essayé de combler, sous certains rapports, cette lacune. Quant au rôle qu'il avait joué pendant les quelques mois que dura la République des Conseils en 1919, plusieurs documents récemment publiés nous l'ont fait mieux connaître, mais ces documents demandent toujours une mise au point et un éclaircisse­ment de leurs rapports avec les faits déjà connus. Cette période nous a semblé la plus obscure malgré que sa con­naissance ait une importance de premier ordre pour la connaissance de l'activité des artistes hongrois sous la République des Conseils. Nous sommes sûr que beaiicoup de documents verront encore le jour, des jugements exacts et profonds seront formulés et, ce qui importe le plus, plusieurs oeuvres perdues de Berény seront retrouvées au cours des recherches futures ou, tout simplement, par un effet du hasard. Nous sommes convaincu que ces dé­couvertes nous permettront de voir plus clairement les moments essentiels, le déroulement réel de la vie de l'ar­tiste et qu'elles nous aideront, complétant nos connais­sances déjà acquises, à saisir la personnalité humaine et artistique de Berény. Cela veut dire que notre étude ne prétend nullement à être la dernière et la plus complète, elle se borne à faire connaître, en respectant l'ordre chronologique, les étapes les plus importantes de la carri­ère d'un artiste de valeur. Berény est né à Budapest, le 18 mars 1887. Élève de l'école primaire, il dessinait avec plaisir. 1 Un peu plus tard il se sentait attiré par la musique aussi. Un de ses camarades d'enfance, Leó Meer se souvient de lui, après cinquante ans, comme d'un garçon intéressant: «J'étais au lycée quand j'ai fait sa connaissance par l'intermédiaire de notre professeur de violon commun avec qui nous faisions souvent la musique de chambre chez les Berény. Robert était alors, comme plus tard, un garçon très cor­dial, mais assez réservé, dont notre professeur ne cessait de louer le talent pour la musique et l'adresse manuelle. Tout cela était bien vrai. . . Un beau jour, Robert est parti pour Paris avec l'intention d'y continuer ses études de peinture. Nous n'ignorions pas qu'il dessinait à mer­veille quoi que sa modestie lui ait fait garder le secret sur ce don. Revenu de Paris, il m'a prié d'aller le voir dans sa famille et j'ai vu alors avec surprise son grand talent et le brillant de son coloris. Son père était un homme très jovial, aux idées simples, mais il comprenait tout à merveille et tenait les tendances modernes en estime. Le frère de Robert était de la même trempe; il assistait son cadet, le secourait matériellement et moralement et admirait son talent. Pourtant il me semble que ce n'étaient pas eux, mais la mère silencieuse, modeste qui encourageait le mieux ses ambitions artistiques. . . C'était une femme charmante. C'est à elle que Robert ressemblait par le caractère. Le milieu dans lequel l'enfance et la jeunesse de Róbert se sont passées, n'étaient pas en harmonie avec son goût des tendances modernes. Je me rappelle bien le style bourgeois de leur appartement, mais je ne me sou­viens pas d'y avoir vu de tableau. . . » 2 Cette lettre nous présente sous son vrai jour le milieu dans lequel Berény a passé son enfance et les années de ses débuts dans la pein­ture. Pour compléter les renseignements qu'elle nous four­nit, ajoutons que le peintre Bertalan Pór faisait ses études à cette époque au même lycée de la rue Marko et que son exemple a pu donner de l'impulsion à son jeune camarade d'école. Pór fit le portrait des parents de Berény et avec l'argent ainsi gagné, il se rendit à Munich. 3 Quant aux soirées consacrées à la musique de chambre, un renseigne­ment de Leó Meer nous apprend que Leó Weiner et Fri­gyes Reiner aussi y prenaient souvent part étant tous

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