dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)
les doux intimement liés à Berény. Le professeur de violon commun, c'était Lajos Berkovits. ex-premier violon de l'orchestre Lamoureux de Paris qui parlait toujours avec admiration de la vie artistique française, et devait ainsi approuver le voyage d'études de son élève. Après avoir passé en revue les oeuvres de Berény datant de cette époque, nous résumons ainsi nos premières impressions: Les dessins et aquarelles d'enfant exécutés en 1899, n'annoncent en rien le futur grand artiste. 4 A partir de 1902. Berény peignait à l'huile. Les compositions Autoportrait l b (Fig. 1). Nature morte à la pendule, 6 Intérieur à la lumière d'une lampe' (Fig. 2) trahissent par la fraîcheur et la délicatesse du pinceau respectant les nuances, par le jeu des lumières et des ombres ainsi que par le rôle accordé aux éléments affectifs et aux éléments de construction, le respect que le jeune peintre portait alors à l'art de Munkácsy. Cinquante ans après. Berény lui-même constate cette influence: «... mon évolution se trouva comme marquée de l'influence' décisive de Munkácsy qui fut longtemps mon idéal, à partir du moment où, à l'âge de 10 ans, je pris le pinceau en main. Cette admiration m'amena, soit par un jeu du hasard, soit par la connaissance de quelques monographies, à m'éprendre de Rembrandt. . . » 8 Kit automne 1904. Berény est entré à l'École de Dessin de Budapest où il a été admis dans la classe de Tivadar Zemplényi. Sous la direction de ce maître il aurait pu devenir un peintre académique, mais il ne l'est pas devenu du tout, comme nous allons le voir. C'est dans la classe de Zemplényi qu'il a peint son Autoportrait au chapeau 9 qui ne fait que de confirmer ce que nous venons d'avancer sur le caractère de son art. Ces oeuvres comparées aux oeuvres futures ne sont pas encore trop intéressantes, tout en ne nous laissant pas indifférents non plus, puisqu'elles témoignent déjà d'une belle adresse dans la peinture. Berény n'en parlait pas, les cachait même à ses amis, ce qui prouve sa modestie et l'élévation de son esprit dont nous anions de très belles preuves au cours de ce qui va suivre. C'est au début de 1905 que le «beau jour» du départ est arrivé, comme l'écrit l'auteur de la lettre plus haut citée, conduisant le jeune peintre à Paris. Berény s'y est aussitôt inscrit à l'Académie Julian et a été admis dans la classe de Jean Paul Laurens. En se souvenant plus tard de celui-ci, il écrivait: «...Jean Paul Laurens était un excellent maître. Il donnait à chacun de ses élèves l'orientation qui convenait à sa personnalité. » Pourtant, malgré la bonne opinion qu'il avait de lui, il n'est pas resté longtemps sous sa direction. Au bout de trois mois, il a quitté l'Académie. Notons cependant qu'il était devenu, au cours de ses études académiques si courtes qu'elles fussent, un excellent dessinateur. Sa formation fut plus autodidactique • qu'académique, comme il l'a luimême remarqué. 10 C'est en 1905 qu'il a exécuté son Autoportrait à la pipe 11 qui montre clairement le degré de ses connaissances techniques au moment de son arrivée à Paris. Le développement de son talent à Paris mérite une analyse détaillée et des considérations approfondies. Les premières impressions essentielles, il les doit à Cézanne, à Matisse et aux Fauves groupés autour de ce dernier. L'année de son arrivée, les dix premières années même du XX e siècle étaient extrêmement agitées. A côté des maîtres que nous venons de mentionner. Picasso, Braque, et les cubistes poursuivaient alors leur lutte. 12 ' 13, 14- 15 En Allemagne, plusieurs groupes d'artistes tels que, Die Brücke (le Pont). Der Sturm (l'Assaut), Der Blaue Reiter (le Cavalier bleu) etc. 16 ' 17 en Autriche Oszkár Kokoschka 18 ' 19 en Italie les futuristes, etc., 20 posaient sous une forme aiguë les problèmes les plus brûlants des beaux-arts d'avant la première guerre mondiale. Le jeune Berény suivait d'une attention très éveillée toutes ces manifestations modernes. En même temps il cherchait, comme nous allons le voir plus loin, le vrai des questions sociales et idéologiques aussi. Cela l'a conduit à rechercher la vérité dans la peinture aussi. Or la vérité est très riche, il est très difficile de la saisir. Celui qui la poursuit, doit s'attendre à des contradictions et à des crises inévitables. Le chemin dans lequel Berény s'était engagé, ne pouvait le conduire droit au but. Certes, il aurait eu une carrière moins hérissée d'obstacles s'il avait choisi le chemin prudent qu'il avait connu au côté de son maître Zemplényi. Il importe peuqu'il ne l'ait paschoisi.ee qui est plus intéressant c'est qu'il a su dépasser la révolution des peintres de Xagybánya, ces représentants d'une peinture naturaliste diluée. Il ne s'en est donc lias tenu aux résultat obtenus par ceux de la Colonie d'Artistes de Nagybánya comme le faisaient alors ses amis groupés d'abord dans le Cercle des Impressionnistes et des Naturalistes hongrois, formant plus tard, après leur départ du Cercle, le groupe des Huit avec quelques camarades qui venaient les rejoindre. Etait-ce une décision subite, un esprit d'initiative plein de dynamisme, ou le professeur de musique dont nous avons parlé, admirateur de tout ce qui était fiançais, qui l'avait décidé à partir pour Paris et à y approcher les maîtres de l'époque ? Peu en importe aujourd'hui la cause. En somme, il a eu de la chance, il n'a pas perdu son temps, il a réussi à s'approcher des sources les plus pures. C'est en 1906. à Paris, qu'il a peint son Autoportrait au chapeau de paille 11 (Fig. 3) qui met en évidence le changement survenu dans sa conception de la peinture. Le portrait rend bien le caractère: une mélancolie toute virile dans un visage aux traits bien accusés. Berény continue donc d'observer l'objectivité de ses tableaux peints encore en Hongrie, mais donne un sens tout nouveau à la couleur, au dessin, à la touche, au modelé. Cette année, il a exposé deux tableaux au Salon d'Automne, 22 mais