dr. D. Fehér Zsuzsa - N. Újvári Magda szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 4. szám (Budapest, 1963)

quartier Víziváros qui s'étend sous la forteresse, entièrement détruite par l'incendie, ses rues désertes et les maisons dont il ne restait plus que des murs, abandonnées. Je croyais que cette partie du quartier était une ville morte, mais je me trompais, grâces en soient rendues au Ciel ! Je croyais voir le Génie irréductible de la nation planer au-dessus de toutes ces ruines. La popula­tion ne se plaignait ni de ses souffrances, ni des dommages subis, mais elle pouvait à peine retenir sa joie et ceux qui avaient encore quelques sous, les dépensaient pour s'acheter des drapeaux tri­colores qu'ils mettaient au sommet des murs en ruines et des cheminées encore debout et dressées vers le ciel. Personne ne proférait des mots amers pour pleurer ses pertes, car chacun savait bien que ce n'est pas subir une perte que de sacrifier vie et biens à la gloire et à l'existence de la nation. Le lendemain de cette journée, Telepy partit à la recherche de toutes les ruines importantes de la ville. Il rendit visite à Barabás aussi, 24 se présenta chez Gusztáv Glantz, propriétaire du meilleur magasin de couleurs de la ville et il s'y approvisionna. H avait l'intention de passer cette journée à visiter les ruines, mais il obtint une com­mande et dut passer son temps à sa table de dessinateur. Le lendemain, le 22 juin, il dessinait déjà de bonne heure les ruines de la salle de séances du palais de la chambre des députés, mais il devait abandonner son travail gêné par la foule de badaux qui l'entouraient. Il passait ses soirées au théâtre. Le 24 juin il apprit qu'il devait re­tourner le lendemain à Tardona avec ses compagnons de voyage. Le dernier jour qui lui restait, il le consacra encore à la visite des ruines de la ville et le jour suivant il se mit en effet en route avec ses amis. Le 28 juin ils arrivèrent à Kövesd. Le Journal de Telepy relate ample­ment ce voyage plein de difficultés et de dangers. Nous y lisons par exemple: Pendant notre voyage, nous rencontrions partout des soldats hongrois; Kövesd en regorgeait. Là, mes quatre compagnons m'ont abandonné, lassés de nos pérégrinations fatigantes. L'après-midi des squelettes recouvertes d'une misérable peau de cheval se sont mises en route et m'ont conduit, vers les sept heures, à Miskolc. A peine le cocher avait-il fait passer à ses rosses le pont tournant que j'eus confirmation de la nouvelle colportéo par les gamins de la rue, voyant de mes propres yeaux des cosaques s'avancer vers nous, le long de la rue, sur de superbes chevaux arabes. La bataille s'engagera demain, pensai-je, puisque je me souvenais d'avoir rencontré l'armée hon­groise campant tranquillement au bas des villages Ábrány et Harsány. Dans ces circonstances, Telepy ne voulait pas faire un séjour prolongé dans la ville. H partit tout de suite pour Diósgyőr. Dans son Journal il donne un récit intéressant de son arrivée, au bout d'un voyage de trois jours, à Tar­dona, le 29 juin 1849. 25 Il mentionne plusieurs fois qu'il est allé voir les Egressy à Kápolna et qu'il s'est bien entretenu avec «la charmante Etelka». En effet, la famille de l'acteur Egressy s'y trouvait à cette époque, et Etelka célébrée par un beau poème de Petőfi, est devenue plus tard la femme de Telepy. Notre peintre passe l'été à Tardona et à Miskolc. Pendant ce temps, comme il l'écrit lui-même, il peint des allégories destinées à orner le Journal d'un ami. De temps en temps il se rend à Sennye et il exécute le portrait de son père arrivé entretemps. Ce portrait sera présenté à l'exposi­tion retrospective de ses oeuvres en 1905, à la Galerie d'Art. Fin septembre 1849, Telepy est de nouveau malade. Le 4 novembre il note dans son Journal: Le quatrième anniversaire de ma carrière de peintre j'ai pu enfin quitter le lit. A peine rétabli, il va à Miskolc, puis à Pest. Le 18 de ce mois, il reçoit la nouvelle de la mort de sa mère. Il perd ainsi, en peu de temps, deux femmes chéries, sa soeur venant aussi de mourir. Fin novembre il rentre à Miskolc: Pressés de voir le tombeau de ma pauvre mère, nous sommes allés à Miskolc, en diligence. Dans les premiers jours de décembre, nous le retrou­vons à Pest. Il a 21 ans. Doué, plein d'ambitions artistiques, il pense naturellement à faire sa carrière. Mais c'est bien difficile dans les temps qui suivent l'échec de la lutte pour l'indépendance hongroise. Il est presque impossible aux ar­tistes de faire des études en Hongrie pour se perfectionner. Ils doivent aller à l'étranger. Károly Telepy finit aussi par trouver les moyens de continuer ses études d'abord à Munich, puis à Venise et à Rome. Mais en 1860 il revient dans son pays et s'y établit. Ses années d'apprentissage passées à l'étranger feront le sujet d'une étude approfondie que nous sommes en train de préparer. Katalin Telepy

Next

/
Thumbnails
Contents