dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)
34. Vilmos Aba-Novâk (1894- 1942): Famille tzigane. 1931. Aba-Novák Vilmos (1894-1942): Cigánycsalád. 1931. sous un déguisement comique, il se joue sous les masques. Chose étonnante : cet artiste qui, par ses couleurs et par sa technique dégage autour de lui une atmosphère de sérénité et de légèreté, choisit toujours des sujets qui attirent les artistes rêveurs et romantiques. Son univers pictural est celui des cirques ambulants, des saltimbanques, des chanteurs de rues, des campements de romanichels, des infirmes, des marchands forains, des chemineaux et des sinistrés des inondations, et la manière dont il aborde les sujets, si elle est plaisante et enjouée à la surface, laisse deviner néanmoins les longues contemplations solitaires, compatissantes et teintées de tristesse qui constituent l'une des caractéristiques de l'artiste romantique. « Si je vis par mes tableaux, alors, c'est que je vis ! » — s'écria-t-il dans une de ses lettres — et c'est justement eela qui m'empêche de tomber au niveau des ratés. » Cependant, en vrai romantique qu'il était, il cachait souvent ces sentiments sous des grimaces. Il suffit d'analyser à fond l'une des dernières oeuvres du maître, le « Confectionneur de masques», pour apercevoir qu'Aba-Novák a livré là la clé de l'énigme de son art. L'atelier du confectionneur de masques est le symbole même de la vie qui fabrique pour l'homme des visages destinés à exprimer ses pensées et ses sentiments. Les visages sont des symboles de la vie de l'homme vivant, sensible, ému, gémissant ou riant aux éclats. L'homme vit dans la mesure où il sent, et l'artiste dans la mesure où il est capable d'exprimer cette vie pénétrée de sentiments. L'expression pathétique, souvent extatique de ses scènes de masse dénote également un tempérament romantique. «Jamais aucun artiste n'a rien fait de durable en recourant à la logique, mais l'émotion est humaine et de toute époque », écrit-il. Les perspectives muettes, mais effrayantes de ses paysages gigantesques, recèlent aussi du romantisme. C'est l'effroi des vieux « Périls » de Károly Kisfaludy que nous retrouvons, dans une expression moderne, dans les « Inondations» d'Aba-Novák, et les personnages qui hantent les places et les cabanes des faubourgs et de la province, dans les tableaux de ce peintre, sont les descendants directs des «Rôdeurs de nuit» de Munkácsy.