dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)

Son principe pictural, bâti sur les contrastes des éléments clairs et obscurs, reflète l'un des traits caractéristiques de notre peinture nationale. Mun­kácsy et les peintres de la Grande Plaine aiment beaucoup les taches claires qui éclatent sur un fond sombre. Aba-Novák n'ignorait pas l'importance du sol et des traditions nationales, comme éléments d'inspiration de notre peinture. « L'art national, qu'on veuille le pratiquer ou non, existe. Chaque fois que des Hongrois ont participé à une exposition à l'étran­ger, c'est toujours sur ce caractère national que les critiques ont insisté. Ce n'est pas dans les cafés que je me pénètre d'éléments nationaux ; j'ai vécu honnête­ment et avec espoir toutes les joies et toutes les amer­tumes d'un autodidacte hongrois, j'ai assisté et j'as­siste encore à la libre méditation artistique des nou­velles générations, qui, tout en passant par Paris, restent hongroises, malgré les conditions ingrates. » Par « sol national » Aba-Novák ne peut entendre la ville. Dès qu'il pouvait le faire, il la fuyait pour se rendre à la campagne. « Les pierres y sont nombreu­ses, et le vert y est rare, et cela me manque ! Me voici pris de nostalgie pour les paysans ». Et il encouragea en ces termes ses jeunes amis peintres : « A la cam­pagne la vie est plus riche et plus humaine ! Là-bas, tu ne conçois pas l'art comme une fin en soi, ou comme une abstraction pour l'abstraction, mais tu vois tes compagnons, les autres hommes, leurs luttes et tu sentiras avec une force inouïe le sol qui est notre guide à tous», — écrivit-il en 1928. Aba-Novák a renouvelé le tableau populaire de genre. U ne dissimula pas son aversion pour la repré­sentation idyllique, bon marché, vieillie et d'inspira­tion étrangère, de la vie du peuple, prévalant alors dans la peinture officielle. « Il paraît qu'ils ont fait de l'art national. Cela, je le conteste. C'est dans l'esprit de l'école de Munich des années 1880 — 1890 qu'ils se sont penchés sur des sujets populaires. » Aba­Novák, lui, ne chercha pas à rendre la beauté du type paysan, ni les sujets dignes du théâtre populiste. Se fiant à son inspiration, il guetta les expressions carac­téristiques de la joie, du désespoir, de la dévotion du peuple. C'est ainsi que ses tableaux deviennent de véritables pantomimes représentant l'élément émotif de tel ou tel événement, une ballade, condensée en mimique, de l'état d'âme de la foule. Il transpose son sujet sur le plan de l'art, en y ajoutant ce que son imagination poétique lui dicte, et il ne le transpose pas, dans la mesure où il puise dans la réalité de la vie, les manifestations humaines les plus spontanées. Il a représenté, avec plus de saveur que tout autre, la gaîté débordante des noces villageoises, mais il ne cherche pas non plus à dissimuler la fatigue, la lassi­tude qui burinent les visages paysans, il sait voir au 35. Vilmos Aba-Novák (1894-1942): Inondation. 1931. Aba-Novák Vilmos (1894-1942): Árvíz. 1931.

Next

/
Thumbnails
Contents