dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)
aux caractéristiques particulières de la peinture hongroise ? Une des traditions de la peinture hongroise est le refus d'admettre l'absence de sujets ; son contenu se rattache à l'univers réel et visible, à la vie elle-même et elle ne veut pas séparer le contenu humain du contenu artistique. L'art pour l'art, la peinture purement esthétique n'est pas son fait. Notre tempérament et notre imagination veulent que même les oeuvres sans sujet précis et sans caractère épique deviennent, en quelque sorte, des représentations d'événements par leur forme lyrique ou dramatique. Même l'école ,,plein-air" de Nagybánya n'a ni le caractère d'une peinture d'atmosphère dépouillée de tout sujet, ni ce degré d'objectivité optique excluant tout élément subjectif, toute expression lyrique de l'état d'âme de l'artiste. Dès le début de sa carrière, vers les années 1920, Aba-Novák s'engagea résolument sur le chemin de l'art figuratif, avec ses estampes ,, Déluge", „Savonarolc", etc. Dans la brève période où il était à la recherche de solutions aux problèmes de forme et d'espace du cubisme, de même que dans celle, également transitoire de la peinture d'atmosphère, même si le sujet de ses oeuvres n'est pas toujours souligné, sa tendance à introduire dans les solutions esthétiques des expressions et un contenu, apparaît clairement. A l'époque de l'épanouissement de sa peinture, le sujet est pour lui une nécessité vitale qui, en quelque sorte, façonne et détermine son style artistique. U ropiésente consciemment la peinture figurative, s'oppose à l'art pour l'art et se rattache parla, malgré le caractère moderne de sa peinture, à une de nos plus importantes traditions nationales. ,,J'ai rompu — écrit-il dans une de ses lettres, avec la superstition de l'esthétique moderne, selon laquelle il ne faut traiter de sujet, mais seulement de motifs." ,, L'art pour l'art ne peut avoir avec la vie d'autres liens que lyriques, à supposer qu'il cherche à en établir. Or, les grandes époques artistiques ont toujours un caractère épique. Le « caractère pictural » exclusif ne suffit plus, et il ne fait pas mon affaire, parce que je ne suis pas seulement une paire d'yeux, mais aussi un homme. Des sujets existent, parce que je vis, et parce que j'ai sur la vie mon opinion dont je veux faire part. » Les sujets caractéristiques d'Aba-Novák auxquels il revient sans cesse, dans de multiples variantes, mais avec des conceptions toujours fraîches, avec une ardeur toujours nouvelle nous font réfléchir. Quelle est l'inportance du choix particulier de ses sujets dans son oeuvre d'une part et d'autre part dans l'ensemble de notre peinture nationale ? Existe-t-il une clé qui fasse ouvrir à la fois toutes les portes de son univers? La question est d'autant moins simple que le message de l'artiste se dissimule souvent dans les tréfonds du sujet, souvent derrière des moyens d'expression bizarres, voire grotesques ; — le drame se présente 33. Vilmos Aba-Novák (1894-1942): Les saltimbanques sont arrivés. 1930. Aba-Novák Vilmos (1894-1942): Megjöttek a komédiások. 1930. 6 Nemzeti Galéria Évkönyve