dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)

vait seul son chemin, sont arrivés au même moment à la même conception, à la même conviction. Vasárnapi Újság (année 1912, p. 397): «Comme tout art véritable, celui de Szinyei s'est manifesté spontanément et directement. Il n'a pas été piéeédé de dures années de gestation et de recherches. Sans spéculations ardues, d'instinct, il est né. Le peintre n'était le disciple de personne, il voulait, dès le début, s'exprimer lui-même, et seulement lui­même. Dans Új Élet (année 1912, n° 17) Géza Feleld cherche avant tout les raisons de la popularité de Szinyei : «Si Szinyei n'avait pas la léputation d'être le précurseur de l'impressionnisme, il n'aurait pas pu conquérir aussi facilement le public ... il a rempli avec une assurance innée la véritable mission de la peinture et c'est ce qui lui assure une place do choix dans l'histoire des tendances artistiques de la seconde moitié du XIX U siècle. Le Déjeuner sur Vherbe de Manet est une composition figurée ayant pour fond un paysage ; le Déjeuner de Szinyei est un paysage animé de figures . . . En le comparant à celui de Manet, ce qui nous surprend sur ce tableau, c'est la disposition naturelle, sans plan préétabli, des person­nages. Toute comparaison mise à part, le Déjeuner de Szinyei constitue un paradoxe dans l'histoire de l'art : malgré la négligence apparente des moyens de la perspective et de la représentation des formes, l'espace et les formes, tout comme chez Rubens, y sont nettes et piécises. » Dans Alkotmány (du 11 mai 1912) Károly Sztra­konitc/.ky écrit: «Szinyei est naturaliste jusqu'au bout des ongles. Pour s'exprimer, il a recours au paysage intime. Mais ce paysage ne peut être qu'un paysage hongrois. Au cours d'une longue conversation que j'ai eue avec lui, il m'a révélé qu'il avait voulu peindre du paysage dans le pays classique de ce genre, en Italie, cependant le paysage italien, la terre italienne, la nature italienne ne l'avaient pas intéressé. U n'y a que le sol hongrois pour le toucher. C'est le pays natal qu'il revoit toujours dans ses rêves les plus intimes, c'est lui qu'il enferme dans son coeur, qu'il a dans ses nerfs, c'est lui la source de ses senti­ments, de ses pensées et de ses désirs. On aurait beau chercher sur ses toiles des manifestations patrio­tiques, des habits de gala hongrois, les accents de la marche Rákóczi, pourtant elles nous disent plus du caractère hongrois que la rhétorique des discours patriotiques puisqu'elles révèlent l'incomparable beau­té de la terre hongroise d'où est né l'art hongrois. L'oeuvre de Szinyei est l'apothéose de la belle terre hongroise. » László Gordius donne, dans la revue Nyugat (année 1912, p. 974), une remarquable analyse du talent original de Szinyei : « Cependant, quoiqu'on dise, il n'est point vrai que Szinyei soit un révolution­naire. C'est un peintre de génie qui a su s'affranchir des contraintes des académies, qui a réussi à faire voir le beau à l'esprit animé de l'amour de la justice sans avoir pour cela l'esprit de révolte absolu. Les peines d'un univers en gestation ne le détournent point de jouir dans le calme des plaisirs que ce même monde peut lui offrir. C'est par la beauté du monde qu'il est touché et non pas par sa construc­tion comme le sont les révolutionnaires. Ce qui lui faut, ce sont l'intimité et la joie des charmes exquis, il n'a pas besoin de grands gestes si manifestes dans les couleurs, le dessin et la composition des oeuvres des grands révolutionnaires de l'art, de l'espèce des Cézanne et des Van Gogh. U ne saurait que faire du beau amer et de l'harmonie douloureuse née des souffrances d'une âme angoissée par l'évolution du monde qui lui est étrangère. Mais comme tous les génies, Szinyei aussi a des traits de caractère com­muns avec les esprits inquiets : il possède l'honnêteté et l'intrépidité que le révolutionnaire reçoit de la destinée en partage. » C'étaient de tels succès qui remplirent les dernières années de Szinyei mort immédiatement après la première guerre mondiale, le 2 février 1920, à ce Jernye qui, tout en étant le théâtre où se jouait le long drame de son silence, était à vrai dire, l'unique source de sa poésie. Szinyei avait beau peindre ses oeuvres les plus importantes loin de son village natal, c'est là que remontaient les souvenirs, c'est do là que lui venaient les impressions les plus fortes et les idées les plus heureuses. Après sa disparition, il n'y eut ni école ni disciple pour continuer son oeuvre, ni épigones pour la discréditer. Le Déjeuner sur Vherbe est resté une oeuvre unique dans son genre, personne n'a jamais essayé de faire sa mplique ni d'imiter sa manière : elle est née à l'improviste, sans être pré­parée ou annoncée par d'autres oeuvres : dans l'évo­lution de notre art, elle avait surgi comme un sommet auquel on a donné après, tant bien que mal, une base. Nous n'avons en tout que deux tableaux dans lesquels nous pouvons retrouver le reflet du bonheur rayon­nant du Déjeuner : le premier, Promenade en voiture au printemps, do Béla Iványi-Grümvald fixe avec une fidélité remarquable un moment heureux de la vie ; l'autre, le Petit Déjeuner du parrain d'István Csók séduit le spectateur par la représentation d'un contentement enjoué. Par contre, le succès des derni­ers tableaux de Szinyei représentant des coins de parc a encouragé plusieurs de nos peintres, et pas toujours les meilleurs, à l'imitation de ce genre, et souvent pour des raisons commerciales. Ceux-ci sont donc partis à la recherche de beaux coins de parc émouvants,

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