dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)

l'effet d'un intéressant recueil d'épigrammes pictu­raux. Ce sont des compositions modernes, surtout idylliques, exécutées à la diable, à peine ébauchées, mais pleines d'incomparables trouvailles du point de vue du coloris et pleines de mouvements pris sur le vif, et d'une ravissante fraîcheur.» Le Deutsche Tageszeitung (Berlin, du 21 avril 1909) écrit de son côté : «Déjà en I860, Szinyei a composé des tableaux qui dépassent les meilleurs tableaux français par la hardiesse de leur technique et le con­traste de leurs couleurs. » Selon le Neue Nachrichten (Leipzig, le 28 avril 1909), «S7.inyei est un peintre peu connu quoique remarquable. Ses esquisses datant des années 60 et 70, sont tellement modernes que désormais nous de­vons le considérer comme le précurseur des peintres français les plus modernes, comme celui de Gauguin peut-être, comme un précurseur précoce, d'une im­portance exceptionnelle. » Dans Münchener Allgemeine Zeitung (du 8 mai 1909) A. G. Hartmann écrit : « Et voilà la plus grande surprise de l'exposition : les tableaux d'un peintre hongrois, S/.inyei. Nous avons de lui un portrait rapi­dement esquissé par un peintre aussi remarquable que Leibi. Quand on visite cette exposition où appa­raissent tant de tendances différentes, arrivé devant les toiles de Szinyei, on ne veut plus en croire ses yeux. Une lumière trop vive nous aveugle presque. Ce Déjeuner sur Vherbe, cette Balançoire, ce Transport du pendu, sont incomparables dans leur genre. Le peintre ne souligne jamais trop l'anecdote, il ne sacrifie jamais le charme des couleurs au contenu. Il reste toujours un peintre doué d'une puissance élémentaire qui connaît la summa vis de la création : la dévotion et l'extase ir­résistible. Dans les temps où à Munich, les peintres ap­pliquaient leurs couleurs sur unfond sombre, il peignait comme Gabriel Max dans ses meilleurs moments. U est clair, serein et il confie aux couleurs voisines le soin de rendre le charme du pigment lumineux. De plus, en assemblant ses couleurs, il témoigne le plus grand mépris aux schémas conventionnels : il marie le rouge au jaune et au vert, le jaune au rose et au violet, le rouge foncé ardent à un admirable vert sonore. L'art de ce peintre hongrois est un phénomène peu commun dans l'histoire de l'art munichois. » Nous croyons avoir sufissamment démontré par ces citations le succès remporté par Szinyei à Munich et aussi à l'étranger. A la même époque, Béla Lázár sur­nommé par le critique de Pester Lloyd «héraut in­fatigable de la gloire de Szinyei» fit sur Szinyei au IX e congrès international des historiens de l'art, une conférence accompagnée de projections lumineuses. Cette conférence fut suivie, sur l'initiative de Lajos Hatvány, d'une exposition des peintres hongrois mo­dernes organisée par Simon Meiler et inaugurée le 3 février 1910 dans la Sécession (Salon des indépen­dants) de Berlin. Cette exposition à laquelle ont participé, à côté de Szinyei, les meilleurs représentants de l'école de Nagybánya, Rippl-Rónai, Perlmutter, Csók, c'est-à-dire tous les membres importants du cercle MIENK, puis les ultra-modernes avec Kern­st ok à leur tête, fit sensation et remporta un succès décisif. Szinyei y était représenté par 20 tableaux parmi lesquels se trouvait le Déjeuner aussi. Le critique d'art du journal Berliner Tagblatt constate à propos de cette exposition que le jeune Szinyei, désireux d'apprendre la peinture, s'est rendu non pas à Paris, mais bien à Munich ori il s'est lié avec Leibi et Böcklin dont il devait subir l'influence quoique assez légèrement. Szinyei partant de la conception de Leibi est arrivé aux mêmes conclusions que Monet parti de Courbet, ce qui prouve que l'évo­lution artistique a aussi ses lois, écrit-il et il ajoute : « Son chef-d'oeuvre, le Déjeuner sur Vherbe, respire cette atmosphère poétique que nous voudrions considérer comme caractérisant l'âme allemande. » Adolphe Donath, collaborateur du journal Berliner Zeitung im Mittag, écrit : « Szinyei a été un im­pressionniste de la première heure et son impression­nisme honnête et frais n'a pas changé. Tel qu'il était dans le Déjeuner sur Vherbe, son chef-d'oeuvre, nous le retrouvons dans la Fonte de neige (1895) de même que dans le Champ, peint en 1909. Le peintre du Champ est animé de la même force du sentiment artistique que celle qui a animé le peintre du Déjeuner. » Dans le Berliner Morgenpost c'est Georg Hermann qui donne un compte-rendu de l'exposition : « La sensation, c'est Szinyei Merse. Prenez le Déjeuner sur Vherbe, une société de femmes et d'hommes installés à l'ombre, sur une pente couverte de gazon, dans le voisinage des champs baignés de soleil sur la crête de la colline. Ni Manet, ni Monet ne sut mieux faire que Szinyei en peignant ces robes se détachant claires et vives de la demi-teinte d'un fond vert. Et voilà encore ses délicates études violettes, dorées, roses, un (del lumineux à l'heure du crépuscule avec des nuages rouges sur un fond vert, puis les couleurs rêveuses de l'aurore, dans de petits paysages. Oh ce Szinyei ! Il est bien plus qu'une source de joie passagère pour le critique : il représente pour lui l'une des conquêtes les plus importantes de la peinture au XIX 0 siècle. » Après le succès de l'exposition rétrospective des élèves de Piloty, Heinemann demanda à Szinyei de se présenter seul au public munichois. Les tableaux exposés à Berlin avaient été complétés et les 36 oeuvres ainsi réunies furent envoyées et exposées à

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