dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)

58. Imre Arnos (1907-1944): Nature morte au lard. 1942. Arnos Imre (1907 — 1944): Szalonnás csendélet. 1942. sant du deuil — qui donnent le ton fondamental de ses tableaux. Les objets ont d'épais contours noirs qui soulignent bien plus leur matérialité que dans les tableaux précédents. (Fig. 58.) Le visionnaire dis­paraît, mais les visions, devenues indépendantes, res­tent. Les cauchemars gris et indécis des rêves sont remplacés par des avions noirs réels qui couvrent un ciel menaçant, dans la chambre les tableaux dansent sur les murs, la pendule égrène sombrement les heures et, dehors, les intestins des chevaux tués rougissent la neige. (Fig. V.) Dans l'un de ses plus beaux tableaux, datant de la dernière période de sa vie et intitulé : «Années sombres" (f'ig. 59.), l'ange du Destin est de­bout devant un tronc d'arbre noueux et à moitié pourri et s'apprête à couper avec sa scie le tronc qui a tant souffert. Même un sujet aussi visionnaire que celui-là prend le caractère d'une triste réalité ; les formés graves, fermées, aux constructions solides, sou­lignent brutalement le contenu. Tout en insistant sur l'influence décisive des évé­nements tragiques de sa vie et de l'histoire sur son art et sur ses moyens d'expression — sa vie, plus que celle de tout autre artiste, était liée à l'histoire — il convient de rechercher le rôle de son séjour parisien dans les changements survenus dans ses conceptions artistiques. Comme il l'a consigné dans son journal intime, Chagall, à qui il avait montré plusieurs de ses oeuvres, s'était exclamé sur la beauté de sa pein­ture, tout en formulant quelques réserves concernant 59. Imre Arnos (1907 — 1944) : Années sombre; Amos Tmre (1907-1944): Sötét idők. 1944. les couleurs et la construction de certains tableaux. Cette remarque secondaire de son journal intime n'aurait pas retenu notre attention si, au cours des armées suivantes, il n'avait pas modifié son style, en tenant précisément compte des réserves formulées par Chagall. Nous croyons cependant que son séjour en France n'a fait que préciser certaines de ses concep­tions, que son développement aurait pris, de toutes façons, cette même tournure, comme il l'a constaté d'ailleurs lui-même : ,,Fort heureusement, ce que j'avais vu à Paris m'a secoué, mais ne m'a pas boule­versé ; il m'a permis de faire le point parmi mes ten­dances assez incertaines . . . Ma peinture est devenue plus pittoresque et plus constructive. Au fond, j'ai la même conception de la peinture que j'avais avant d'aller à Paris.» L'art graphique joue un rôle très important dans l'art d'Imre Arnos ; d'abord en tant qu'étude, ensuite en tant que moyen d'expression. Dans les années 1940, c'est lui qui domine dans son art et marque de a. 1944.

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