dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)
UNE EX POSITION COMMEMORATIVE D'IMRE ÁMOS L'exposition commemorative d'Imre Amos organisée en 1958 par la Galerie Nationale Hongroise a fait connaître au grand public un artiste qui, à l'exception d'un cercle restreint d'initiés et de collectionneurs, était pratiquement inconnu même en Hongrie. Cette ignorance s'explique surtout par le fait que la période créatrice d'Amos se situe entre les débuts des années 30 et l'année de sa mort, l'année 1944, de sinistre mémoire. Or, ces années-là ne permettaient guère à un artiste tout de modestie et de retenu comme lui, de se faire connaître. D'autre part, ce qui l'empêcha d'être connu, c'était aussi l'âpre combat qu'il menait, avec l'arme de la peinture, et avec de plus en plus de force, au fur et à mesure qu'il avançait sur le chemin de sa vocation, contre le fascisme contempteur des libertés humaines, le fascisme assassin qui terrorisait alors l'Europe. Cependant, son nom est gravé de façon ineffaçable dans le livre d'or de l'art hongrois. Animé d'une passion sans exemple, il exprima, par le truchement de son art, les horreurs de la guerre, destructrice des corps et des âmes. Les sentiments qu'il traduit évoquent de tragiques événements que nous avons vécus avec tous les peuples d'Europe ; tous les peuples d'Europe doivent donc être sensibles à son art. « Inter arma silent musae » — disaient les anciens, et, en effet, très petit est le nombre des artistes capables de créer pendant la guerre, dans la proximité et sous l'influence directe de la guerre. La plupart des oeuvres de guerre sont nées après que le bruit des armes s'était tu et se rattachent à des événements concrets dont la douloureuse acuité est cependant atténuée par la distance dans le temps et l'espace et qui servent plutôt de chronique ou de témoignage. A Imre Amos, par contre, le deuxième cataclysme mondial n'a pas servi seulement de sujet, ce qui est la représentation la plus simple dans les oeuvres de guerre, mais il a pénétré tous ses moyens d'expression artistiques au point que des sujets parfois complètement indifférents — nature morte ou paysage — reflètent avec une fidélité quasi chronologique la marche tragique des événements. Son plus grand mérite consiste, à notre avis, dans le fait qu'il a pu, à travers un système de formes créées par lui, verser dans un moule artistique les sentiments qu'il partageait avec toute une société tremblante, affamée, déchirée par les horreurs de la guerre. Le caractère général, humain de son art s'explique par le fait que ces sentiments — qui vont de la douce mélancoile à une peur affolée de la mort — n'étaient pas commandés par le programme de tel ou tel groupe 1 artistique et n'étaient pas non plus des manifestations d'un individu isolé, mais correspondaient toujours à une espèce de haut-Ie-corps des êtres doués de raison et de bon sens devant toute violence et toide inhumanité. Cette attitude de l'artiste s'accompagnait d'un sens humble et éminemment moral de sa, vocation. L'âpre carrière qu'elle avait préférée à la tranquillité relative d'une vie bourgeoise, était pour lui la vie même. Même au plus bas de sa misère, il ne regrettait pas de ne pas avoir obtenu son diplôme de professeur de dessin aux dépens des connaissances précises et 52. Imre Arnos (1007-1944). Portrait de femme. Étude. 1933. Arnos luire (1907-1944) : Női arckép, tanulmány. 1933.