dr. D. Fehér Zsuzsa - Kabay Éva szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 2. szám (Budapest, 1960)

nécessaires pour l'exercice de son- métier. « J'aurais alors un poste, mais ma conception artistique serait­elle parvenue à cette hauteur, si j'avais dû moisir dans une école ? Je crois plutôt que, professeur, j'aurais aspiré de toutes mes forces à l'indépendance dont je jouis actuellement » — nota-t-il en 1939, dans son journal intime, alors que, réluit aux abois, il devait accepter d'être le précepteur d'une petite écolière de 12 ans. Malgré ses difficultés matérielles, il renonçait aux moyens de sa subsistance pour s'acheter les couleurs et les instruments de travail les plus chers. Comme la plupart des artistes miséreux de rentre-deux-guerres, il devait souvent, pour vivre, peindre des enseignes pour épiceries ou engager son anneau de mariage auquel il tenait beaucoup, mais il ne renia jamais ses conceptions artistiques pour mieux vendre ses tableaux. Il ne voulait pas, comme il disait, « apprendre comme un clown un nouveau numéro toutes les semaines », pour épater le specta­teur ; il ne modifiait pas ses formes d'expression, tant qu'il ne les avait pas parfaitement mûries et appro­fondies. Les trois périodes de son style sont étroite­ment rattachées entre elles ; les passages sont gra­duels et sont déterminés non pas par une recherche imposée du neuf, ni par des essais périlleux, mais par des poussées sentimentales ou des émotions extérieu­res, indépendantes de sa, volonté. Malgré son caractère universel, cet art est très étroitement attaché à la vie de l'artiste et au milieu dans lequel il évoluait. Les souvenirs de son enfance passée à Nagy kalló, sa ville natale, le hantèrent pendant ses années d'activités artistiques. La douceur de sa mère et l'atmosphère de la petite ville avec son parler populaire, ses contes et légendes, péné­trèrent profondément sa conscience et déterminèrent la note dominante de ses premiers tableaux, tout comme plus tard, les tourments, les luttes, les priva­tions et les humiliations. C'est en 1926, à l'âge de dix-neuf ans qu'il vint à Budapest où après la mort de son père et à la demande d'un parent qui l'aidait avec sa mère, il sollicita son admission à l'École Polytechnique. Cette admission lui ayant été refusée, il travailla pendant un an en tant que peintre et émailleur à la, fabrique « Láng-ezüstgyár ». Plus tard, malgré le « numerus clausus », il put s'inscrire à la, section des ponts et chaussées de l'Ecole Poly­technique, il y fit trois années d'études avec de très bonnes notes lorsque soudain il eut la révélation de sa vocation et demanda son admission à l'Ecole des Beaux-Arts. Cet te-fois-ci il réussit du premier coup et en 1929 il se mit avec ardeur, sous la direction de son maître, le célèbre peintre Gyula Butinai, à acquérir les connaissances techniques qui devaient compléter ses dons naturels. Son parent, véritable 1 mécène, était plein de compréhension à l'égard de son protégé qu'il continua à aider pendant une dizaine d'années encore, alors qu'Amos était peintre débutant, et plus tard il accorda, une aide spéciale à sa femme. Amos ne tarda pas à réaliser les espoirs qu'on avait fondés sur lui. Il était encore élève des Beaux-Arts lorsqu'il se fit remarquer au cours de plusieurs ex­positions. Il participa notamment et à plusieurs repri­ses au Salon de Printemps de la Société Szinyei destiné aux jeunes. En 1933, il y obtint un diplôme d'honneur et en 1934 un premier prix. En 1935 il fut élu membre de la, Corporation Munkácsi et en 1936, il fut admis à la- société artistique KUT. Mais ce fut la dernière fois que la société rendait hommage aux talents de l'artiste. Dans la deuxième moitié des années 30, à la veille de la seconde guerre mondiale et pen­dant celle-ci, l'atmosphère n'était guère favorable au succès artistique. D'ailleurs, le peu de succès rein­porté par Arnos se traduisait par l'attribution de 1 quelques prix très modestes, de quelques articles élogieux et indifférents et par quelques achats peu importants. Jusqu'à la fin de sa vie, il fut incapable d'assurer pleinement sa subsistance. Avec sa femme, il prenait ses repas à la cantine de la Société d'entr'aide aux artistes ; il troquait ses tableaux contre des vête­ments et des instruments de travail. Malgré ces diffi­ciles conditions matérielles, le jeune artiste se déve­loppa rapidement. U possédait une grande maîtrise dans le dessin et dans la composition et ne tomba jamais dans le froid naturalisme qui caractérise en général les années d'apprentissage (fig. 52.). Le style romantique, à base réaliste de son maître Gyula Rudnay qu'il estimait pourtant beaucoup, fut pra­tiquement sans effet sur lui, si on fait abstraction des tons lourds, rocailleux de quelques-uns de ses pre­miers tableaux comme « L'hiver », « Souci » ou « Auto­portrait » avec un masque d'Ady. Ce ton, il l'aban­donna rapidement pour adopter les couleurs argen­tées et le gris pâle qui correspondaient mieux à sa nature rêveuse. Durant cette première période de sa, peinture, qui se termina en 1935, il se considérait, selon le témoignage de son journal écrit, comme un «peintre lyrique, profond, quoique conservateur», s'opposant ainsi à ses camarades qui affichaient un modernisme forcené. U faut entendre par là (et il est fort caractéristique pour les conceptions qui régnaient à cette époque de le voir qualifier lui-même son atti­tude de conservatisme) qu'il ne reniait pas entière­ment les conquêtes, en matière de style, qu'il ne cher­chait pas à tout prix à faire de l'inédit, mais qu'il essayait plutôt tie se joindre à un courant de style précédent. Ce courant était en l'occurrence une va­riante do rimprossionnisme qui, tout en attachant une grande importance aux éléments décoratifs, soulignait

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