dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)

On peut considérer le Cubisme et l'Expressionnisme comme les phases successives de la dernière époque de l'art bourgeois, chan­gements produits par l'ondoiement inquiet des esprits et dont les premières manifestations, remontant à la deuxième moitié du XIX e siècle, se proposèrent, subjectivement, de renouveler l'art et qui, poursuivis jusqu'à nos jours, ne sont au fond, objectivement, qu'une des démonstrations de la crise profonde et permanente de l'art bourgeois et de la civilisation bourgeoise en général. Les digues élevées par la tradition ont été emportées, vers I860, par l'Impres­sionnisme, à bon droit et pour cause. L'art officiel de l'époque, mis au service de la bourgeoisie arriviste et enrichie, a dégénéré en un académisme étroit ; enfermé dans la vaine imitation des époques révolues, il a faussé le but véritable de l'art et n'était plus qu'un sujet de conversation à la mode des bourgeois entichés de snobisme. Les rénovateurs, à leur départ, ont choisi la bonne voie. Ils se sont fixé comme but de représenter sur leurs tableaux la nature véritable et l'homme réel, au lieu de la nature fausse et des figures d'anecdote de l'académisme. Quelques grands artistes, partant de l'observation directe de la nature, ont créé des oeuvres admirables mais les artis­tes qui leur ont succédé, diluaient leur art et en faisaient des doctrines d'école. Ils finirent par tourner le dos à la nature et se mirent à peindre d'après des principes reposant sur des théories inventées par eux.Les tendances inattendues en «-isme » se multiplièrent et sillonnèrent le ciel des arts. L'inventeur de chacune était persuadé d'avoir dé­couvert un mode d'expression nouveau, valable pour l'art universel et n'apportait, en réalité, qu'une parcelle de la vérité, déjà déformée par l'exagération. La cause véritable du désordre et de la confusion doit être cherchée dans la déchéance sociale de la bourgeoisie et sa crise aboutissant à la première grande guerre. On sait que la guerre n'a amené aucune solution, la crise est devenue, au contraire, plus profonde et plus compliquée encore. La stabilisation transitoire a été suivie d'une crise économique et d'une nouvelle guerre mondiale, cependant la confusion intellectuelle augmentait et la culture décli­nait continuellement. Ce processus se poursuit encore de nos jours. La cause en est que la culture et, en elle, les arts ne remplissent plus

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