dr. D. Fehér Zsuzsa - Pásztói Margil szerk.: A Magyar Nemzeti Galéria Közleményei 1. szám (Budapest, 1959)
distingué l'artiste. A vrai dire, il est assez bizarre de voir la Société accorder le prix de paysage à un tableau qui n'est pas un paysage et devant être considéré plutôt comme l'une de ses oeuvres les plus révélatrices clamant à la face de la bourgeoisie la misère et la détresse des prolétaires abandonnées à leur sort. Sans diminuer en rien le mérite de la Société, nous avons tenu à signaler ce fait susceptible d'induire en erreur. Derkovits a peint quelques paysages remarquables mais il n'était pas un paysagiste. Mais revenons à la question de l'achat du tableau «Sur la voie ferrée». Le prix indiqué sur le catalogue était 900 pengős. 55 Selon le témoignage du registre d'inventaire du Musée, Derkovits n'a reçu que cinq cent cinquante pengős pour le tableau. Nous insistons sur ce fait pour montrer que la même année, on a payé beaucoup plus cher les oeuvres de ses confrères bourgeois — on a acquis une oeuvre de Szőnyi pour 900 pengős, deux autres de Bernáth pour 800 et pour 1200 et payé 1.000 pengős pour une toile d'Aba-Novák, etc. — et réfuter l'accusation que certaines gens, souvent mal intentionnés, ont porté contre lui, en prétendant que s'il n'arrivait pas à vendre ses tableaux c'est parce qu'il voulait les vendre tropeher et qu' on « no pouvait pas marchander sur le prix do ses tableaux ». En feuilletant le livre d'inventaires du Musée, on peut trouver un grand nombre d'exemples criants qui prouvent que des artistes de second et de troisième ordres, ayant acquis à l'époque une bonne réputation, avaient été beaucoup plus avantagés que Derkovits. Nous n'avons cité que quelques exemples d'artistes remarquables qui, sur certains points, peuvent être considérés comme lui étant égaux. Ces faits sont suffisants pour prouver que Derkovits, qui avait le plus besoin d'aide, ne recevait que la moitié de ee qu'il avait demandé et que l'on payait à ses confrères bourgeois du même niveau pour des oeuvres qui n'étaient nullement supérieures aux siennes. Un autre chef-d'oeuvre, « l'Autoportrait clignant dos yeux » (1930) entra en la possession du Musée des Beaux-Arts par voie de donation. Henri Tamás, marchand de tableaux, propriétaire de la galerie Tamás, 30. Gvula Derkovits (1894-1034) Générations. 1932. Derkovits Gyula (1894-1934) Nemzedékek. 1932. en fit don au Musée en 1933. Il n'est pas douteux que Tamás ait de grands mérites dans la propagation de la peinture moderne hongroise et la présentation des oeuvres de plusieurs peintres remarquables. Derkovits exposa lui-même à plusieurs reprises dans la galerie Tamás. Il est malheureux que Tamás se soit laissé guider trop souvent, comme on le verra, par le seul intérêt commercial. En 1934, la ville de Budapest se décida, enfin, à acquérir pour sa Galerie une oeuvre du peintre célèbre qu'était devenu Derkovits. Elle offrit à l'artiste 400 pengős pour sa gouache de grande dimension, le «Pont en hiver», La peinture, selon l'opinion unanime, est l'une des oeuvres principales les plus belles et les plus représentatives de Derkovits. Les experts compétents de la Ville, chargés do l'acquisition, avaient fait leur choix probablement à l'Exposition du Printemps ouverte au Salon National dans le même mois. Le prix de vente indiqué sur le catalogue était de 1.500 pengős. C'était un prix juste. La même année, la ville de Budapest paya