Tanulmányok Budapest Múltjából 15. (1963)

Kubinyi András: A városi rend kialakulásának gazdasági feltételei és a főváros kereskedelme a XV. században = Les conditions économiques de la formation du troisieme ordre en Hongrie et le commerce de la capitale hongroise a la fin du XVe siecle 189-226

A. Kubinyi LES CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE LA FORMATION DU TROISIEME ORDRE EN HONGRIE ET LE COMMERCE DE LA CAPITALE HONGROISE A LA FIN DU XV e SIECLE Mention était faite plus d'une fois déjà dans la littérature spéciale de l'his­toire hongroise de ce que, en raison du développement de la production marchande, les rudiments d'un marché national commencèrent à se dessiner dans la seconde moitié du XV e siècle. L'histoire de la formation du troisième ordre hongrois dans les villes était l'objet de plusieurs études et les historiens hongrois ont émis l'opinion que la formation du troisième ordre dans les villes était inséparable de la consti­tution d'une juridiction d'appel des villes, dite «sedes tavernicalis». Dans les suivants nous nous proposons de soumettre à une étude tant l'évolution du marché que celle du troisième ordre, car, à notre avis, ces deux questions ne souffrent pas d'être traitées séparément. Les procès d'octroi de Nagyvárad, de la fin du XV e siècle, nous permettent de définir les rudiments du marché national. La ville de Nagyvárad, qui, grâce à sa position géographique, était une foire importante, constitua un trait d'union entre plusieurs régions de marché embrassant des différentes provinces du pays. La quasi-totalité des commerçants du pays entier se sont rendus à ces foires, et le chapitre local détenant le droit de l'octroi à Nagyvárad, en tira un revenu considérable. Entre le chapitre de Nagyvárad et les commerçants se rendant régu­lièrement à la foire de cette ville, une dispute est née en 1476 sur la question des tarifs des octrois perçus. Le procès fut engagé par les villes transylvaines, mais les villes hongroises, en premier lieu Buda et Pest, sont sous peu intervenues à leur tour. Dans les procès, en cours entre 1476—78, et après la mort du roi [Mathias, 1490], sur l'instance engagée par le chapitre et terminée en 1492, les villes eurent gain de cause. En 1478 notamment, le palatin, en sa qualité de président de la cour, rejeta le tarif employé par le chapitre et promulga un autre, lequel, dans la sentence rendue, fut confirmé par la cour. Nous connaissons les deux tarifs, il nous est donc facile de dégager en clair les points d'intérêt en établissant la teneur des modifi­cations apportées par la sentence au premier. Il est intéressant de noter que les deux tarifs, dans leur substance, sont identiques, il n'y a que deux points sur les­quels la différence est capitale. Ces deux articles sont: le drap et le bétail. Comme le volume des échanges à la foire de Nagyvárad n'était pas limité à une seule région de marché, mais il était caractéristique à l'ensemble du marché national en état de formation, nous pouvons avancer à juste titre que l'effort des villes ayant été concentré sur la modification de ces deux tarifs -— ce furent les deux articles de la plus grande importance pour le marché national. Étant donné toutefois que le drap était l'article le plus important pour l'importation et le bétail constituait l'article d'exportation hongrois, il est évident qu'un marché national n'existait à cette époque que pour les objets de l'échange international. Dans le commerce extérieur, cependant, ce n'était qu'une mince couche de la classe dirigeante des villes qui avait des intérêts. Dans le procès, une coalition de tout le patriciat ur­bain s'était formée, elle eut donc la puissance grâce à laquelle elle eut gain de cause contre l'évêque de Nagyvárad et son chapitre, l'un des plus puissants seigneurs féodaux de la Hongrie. Les villes remportèrent une victoire semblable contre l'évêque de Nyitra dans le procès de Zsitvatő. Dans ces deux procès, nombre de villes, en premier lieu Buda et Pest, avaient des intérêts et leur victoire nous surprend d'autant plus que celles-ci, qui étaient les plus riches et étroitement liées au roi, furent déboutées dans une série de procès, chaque fois qu'elles ne s'étaient pas alliées à d'autres villes et cela sous le règne du roi Mathias Corvin qui — au dire des historiens — fut le protecteur des villes. Ce fait met pleinement en évidence les limites de la coopération féodale consentie par les villes. Étant donné que le marché national et par cela même la coopération et le ralliement du troisième ordre ne présentèrent d'intérêt que pour une faible portion d'une couche de dirigeants des villes, toute tentative d'organisation des villes était à cette époque vouée à 15 Tanulmányok Budapest múltjából 225

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