Budapest Régiségei 14. (1945)

Gerevich László: Középkori budai kelyhek 333-378

Le noeud du calice de Buda ne représente pas le type partagé en tranches et par là il diffère sensiblement du noeud des calices de Sellemberk et de Hamborg (Bártfa, Musée dép.). C'est de ce type très répandu qu'est issu le noeud aux tranches fermées, très caractéristique pour la Hongrie, où même les tranches vides sont fermées et pourvues d'ornements. Notre calice appartient à la catégorie des calices à noeud qui sont pourvus d'un »rotulus« en forme de rais. Une sous­catégorie de ces derniers est le »rotulus« à quatre lobes, qui revêtit quelquefois la forme d'un quatre-feuille ou est marqué tout simplement comme filigrane dans le dessin intérieur de l'aboutissement »du rotulus«, (voir le calice de Kőszeg). Enfin les quatres lobes peuvent être considérées comme des nervures ; c'est le cas du calice de Buda. Le feuillage repoussé et soudé dans les intervalles des »rotulus« vient ajouter aussi un trait caractéristique à ces variétés de noeud. Les motifs d'architecture gothique transplantés en orfèvrerie témoignent du goût gothique ; le calice espagnol au filigrane translucide du Louvre, imité d'après des modèles italiens, nous en fournit la preuve. Le calice de la cathédrale de Mayence et celui de l'église de Crimmitschau en Allemagne présentent, eux aussi, le même motif. Le »rotulus« à quatre, six ou huit lobes qui se détache à peine du noeud plastique et bien formé est un trait de style essentiellement italien (Pérouse, Casa Mari, Colle de Val d'Eisa) qui semble avoir pénétré en Alle­magne par la région du Rhin. Dans sa patrie d'adoption il revêtit une forme archi­tectonique. Le rotulus à lobes se marie souvent à l'émail translucide et au pied italien aux lobes variées. Le calice de l'église Saint-Siméon de Zara, cadeau de Louis le Grand 28 nous en fournit le spécimen le plus caractéristique. Il a pu bien être fait par un maître italien à Zara même, mais on pourrait l'attribuer aussi à un atelier de Buda, pent-être juste à celui du célèbre Nicolas Gallicus. Le calice de Kőszeg est 28 Eugène Radisich : Nagy I^ajos kelyhe Zárában — Z,e calice de I^ouis le Grand à Zara. A. #. 1893. pp. 48—50. aussi le fruit de l'influence italienne dans la Haute-Hongrie. Son pied n'est pas connu, mais sa fausse-coupe ne laisse pas de doutes quant à l'orientation italienne de son maître. Le »rotulus« a la forme de quatre-feuille et il n'est pas trop risqué de l'attribuer à l'atelier de Nicolas Gallicus. Sans vouloir adopter cette hypothèse qui nons mènerait un peu trop loin, force nous est d'admettre que les motifs italiens des calices aux rotulus à lobes (ceux de Márpod, Kakasfalva, Kő­szeg, Szenterzsébet, Szováta, Altdorf) ren­voient à coup sûr à la technique des ateliers italiens. C'est bien le calice de Zara qui, par suite de ses relations avec la Hongrie, est le plus propre à servir de trait d'union entre les pièces hongroises et italiennes. La seule différence entre elles consiste en ce que le calice de Zara est l'oeuvre d'un maître italien, tandis que le calice de Buda est sorti des traditions romanes locales, comme le prouvent aussi les reliefs repoussés du pied. Leur style gothique révèle des traditions d'allure française ou rhénane. Les reliefs du calice roman de l'église luthérienne d'Ostdorf sont disposés d'une manière ana­logue et leurs »rotulus ronds» se divisent à l'intérieur en quatre lobes. Les motifs d'allure romane auront d'ailleurs la vie dure dans l'orfèvrerie hongroise : les têtes des Evangélistes placés à l'extrémité des »ro­tulus« du calice de Nagykenéz ressemblent beaucoup à celles du calice, fabriqué à une date antérieure, du Musée de Schnüttgen (comp. Fritz Witte.: Die liturgische Geräte... Berlin, 1913. t. IT). L'art italien préfère en guise d'ornement les tableaux en émail qu'on retrouve aussi en Hongrie, notamment sur les calices de Márpod et de Vízakna. En dehors de la Hongrie, les reliefs circulaires recouvrant le pied sont particulièrement fréquents en Occident (Cologne: Saints Apôtres, Bâle: Musée d'Histoire, Rathenow : Église de la Sainte Vierge, Borg : Dom, Prenzlau : Église de la Saint Vierge, Hildesheim : Église de Saint-Godahard) . Ils se font plus rares à l'âge gothique (Neuruppin : Église de la Sainte-Vierge, Brandenburg : Église 374

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