Budapest Régiségei 14. (1945)
Gerevich László: Középkori budai kelyhek 333-378
abbé de Pilis (dont le blason orne la couverture du livre) devait être un grand connaisseur d'art. C'est par lui que le roi Louis le Grand fit expédier la trésorerie destinée à l'église d'Aix-la-Chapelle. Ses relations avec l'orfèvrerie de Buda semblent fournir une preuve de plus en faveur de notre hypothèse relative à l'origine des trésors d'Aix-laChapelle. Le relief de la couverture date probablement des alentours de 1400. Malheureusement la trésorerie de l'église de Mathias a partagé le triste destin des autres trésors de Buda. Après la catastrophe de Mohács les bourgeois allemands de la ville, dans leur qualité de patrons, les transportèrent en bateau à Pozsony. Cent ans plus tard les trésors furent déposés au chapitre de Pozsony. Leur inventaire composé à cette époque s'est conservé jusqu' à nos jours. On y signale surtout des chasubles ; la liste des objets d'orfèvrerie est beaucoup plus modeste. Après 1712 les trésors furent transportés a Buda et gardés dans la chapelle de l'Hôtel-de-Ville. Les Jésuites de Buda firent tout pour les acquérir, mais les trésors ne purent échapper à leur destin fatal ; pendant le règne de l'empereur Joseph II, guidé par des buts purement utilitaires, on les fit vendre aux enchères. La plupart en fut acheté par des marchands d'objets d'art de Vienne et des fripiers d'Óbuda. Le catalogue de la vente aux enchères ne cite que huit calices au lieu de dix. Louis Némethy a réussi à identifier les deux calices qui manquaient à deux autres calices qui, heureusement, ont été conservés. 26 Quant aux calices fabriqués au XIV e siècle, on en retrouve un nombre considérable en Hongrie. Leur caractère local se distingue à peine de la production générale de l'époque. Dans le développement européen il n'y a que le calice italien qui présente un type national très caractéristique. Quant à la Hongrie on peut établir le fait que dans l'orfèvrerie de même dans tous les arts, les 26 Louis Némethy : A budavári főtemplom hajdani kincsei — I*es trésors de iadis de la Cathédrale de Buda. A. £• 1884. pp. 208—22. influences allemandes, françaises et italiennes s'entremêlent sans cesse. — Le calice de Vízakna suffit à prouver que les calices modelés par des orfèvres italiens parvinrent même aux endroits les plus éloignés. 27 Les calices de Vurpod et de Kőszeg prouvent à leur tour l'implantation du style des calices italiens en Hongrie. La coupe au profil cambré est excessivement rare dans notre pays, niais plus fréquente dans les provinces saxonnes (Nagysejk, Michelsberg), et se retrouve sporadiquement aussi ailleurs (Bőnyrétalap). La forme au profil un peu plus escarpé est plus répandue que celle de la coupe de Buda ; tels sont le calice repoussé du Musée National dont le pied est orné de lys, les calices de Tótfalu et de Hamborg, celui de Bártfa (Musée départemental du comitat de Sáros) et de Szenterzsébet (Transylvanie) . Les divers types du calice hongrois jouent un rôle très important dans la formation du calice de l'Europe centrale et orientale. Née en Italie, la forme creuse au profil presque escarpé et à l'ouverture bien mince se cristallise au cours du XIV e siècle ; plus tard elle se généralisera dans l'Europe entière. En Hongrie on en trouve des spécimens dès le XIV e siècle (Nagydisznód, Sellenberk, Vurpod) et à partir de 1400 ce type prédominera dans notre pays. La tige cylindrique, la partie conique du pied et le pied rond sont autant de marques de l'orientation occidentale qui, dès cette époque-là, commence à passer pour vieillie. Vu que l'orfèvrerie hongroise a également conservé cette forme, le calice de Buda peut être considéré comme le représentant du type hongrois. Outre les calices au pied rond, nous possédons cependant des formes bien variées où le pied est divisé en de nombreuses lobes, ce qui est une particularité italienne par excellence. Des segments Circulaires y alternent avec des lobes concaves et bombés (Felsőlövő, Márpod, Vurpod, Felsőszalók et le calice italien de Vízakna). 27 Cf. Yolande Balogh : Az erdélyi renaissance — "L,a renaissance de la Transylvanie. Kolozsvár, 1943. pp. 17—18. 373