Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchivs 12. (1959)

HRAZKY, Josef: Die Persönlichkeit der Infantin Isabella von Parma

206 Josef Hrazky IL 18. des figures sans ame, des ottomates (== automates) parfaits ne m’annonçoint pas un heureux succès. Ils ne connoissoint pas mon Père, ma Mère leur etoit odieuse, les récits, qu’on leur avoit fait de moi, les en avoint si fort dégoûtés, que je ne devois m’attendre qu’à des peines et des avanies continuelles, cependant on s’y fut trompé à voir leur ajustement, des juppes à mie jambe, la tête toute nue et toute la gorge aussi, sembloit devoir annoncer la legerté, quoiqu’à en examiner le fond des tétons, dont le poid les faisoit pencher en avant, un derrière aussi gros q’un tambour, des jambes en forme de pilliers capables de soutenir la voûte la plus forte etoint une annonce de leur maussaderie. Je voulus en repartir aussi tot, mais mes parens voulant me faire un nom immortel par le changement, qu’ils se flattoint que j’y fairois, m’obligerent mal­gré moi d’y rester. II. 19. Je m’y stabilis donc et quoique je ne trouvai nulle commodité pour faire tous mes tours d’adresse, je ne pus pourtant m’en empecher dans l’espoir de ramener les habitans, qui toutjours stupides et faux me causèrent cent mille chagrins, je tombai moi-meme dans la tristesse de me voir forcée de vivre parmis mes plus mortels ennemies sans pouvoir me flatter de me reconcilier avec eux. ce fut pour lors que je me raccommodai avec la prudence, qui commença elle meme à sentir tout l’avantage, que je pouvois lui procurer, en effet je fis naitre les discours les plus déraisonnables pour sauver les secrets, qu’on vouloit penetrer, je m’appliquoi aux sciences, dont je fis cent mille sujets d’entretiens barocs, je devins philosophe et ma philosophie m’apprit à etre toutjours en mouvement, c’est dans ces dispositions que j’appris enfin le terme de mon exil, je quittai l’Italie sans regret, je passai dans des Climats heureux, où une Souveraine II. 20. éclairée cherissoit le Genie et la Vivacité, leur fille y fut reçue avec bonté, elle sentit le prix d’une sage étourderie, je m’attachai à elle dès l’instant, que je la vis, je l’adorai, je l’adorerai sans cesse, accoutumée comme je l’et(t)ois à etre unie à la maladresse, je me bornai à casser éventails et talons de soulier, elle daigna m’excuser, puisse-t-elle etre convaincue, que le seul bonheur en ce monde est celui de lui plaire, que j’y aspire avec un coeur tout pénétré d’amour et de reconnaissance ! Voilà toutes les aventures de ma vie en abrégé, j’ai satisfait à ce, à que je m’etois préparée, je demande de l’indulgence, trop heureuse, si je ne suis pas brûlée avant que d’etre vue.

Next

/
Thumbnails
Contents