Mitteilungen des Österreichischen Staatsarchivs 12. (1959)

HRAZKY, Josef: Die Persönlichkeit der Infantin Isabella von Parma

Die Persönlichkeit der Infantin Isabella von Parma 205 peu trop haut et me trouvai les quatre pattes en l’air, sans pouvoir raccrocher mon maudit bucefal. il s’agissoit de m’en tirer comme je pouvois, et je craignois les angles saillans d’une table antique, qui avoit plus l’air d’une forteresse II. 15. que d’un meuble, dont on dut faire usage, je pris le parti(s) de me laisser tomber à plat et de sauver ma tete comme je pus. je ne conçois pas encore, comment tout mon corps ne fut pas fracassé, car j’etois bien à cinq pieds de terre, quand je pris ce parti (s), et que pour arrêter la violence, qui m’elançoit en avant et contre le mur, je fus obligée de me jet(t)er avec un grand effort à terre, mes juppes encore pour m’achever de prendre accrochèrent le cheval, qui fit dans ce moment la culbut(t)e sur moi. je devois me tuer, mais j’etois reservée à de plus grands malheurs: je me relevai et recommençai de plus belle pour me punir de ma maladresse, mais ma gouvernante, toutjours severe, m’ota mon cheval dans la crainte, qu’une aventure pareille ne me ravit le jour, si elle arrivoit encore, plus d’occupation, plus de plaisirs! je m’appliquai pour lors aux culbut(t)es, jeu innocent, qui a pensé souvent me tordre le col. l’escarpou- lette ne laissoit pas que de m’occuper aussi, mais un jour une II. 16. corde à moitié pourrie, sur laquelle je me dondinois, s’avisa de casser et de me jet(t)er à plus de 20 pas. pour mon bonheur il n’y avoit point d’arbres, sans quoi je me serois fendu la tete. mais cela seul suffit pour me def(f)endre tout exercice de cette nature. Que faire dans cette triste situation? je commençois moi meme à m’ennuyer de toutes ces contradictions, je pris donc le parti(s) de ne plus bouger, cependant comme je tenois du caractère de ma mère, la lenteur n’etoit pas mon fait, ainsi à tout moment ma tete avoit des bosses, que des portes à demie fermées sur mon passage me procuroint. J’appris pourtant en fin à etre raisonnable, mais ma tete toutjours en l’air s’occupoit à la fois de cent milles idées, je brisois, je laissois tomber tout ce qui me venoit en main, malgré tout cela j’eus des chances pour l’Espagne, dans un pays, où tout est gravité, etiquette, hauteur, paresse, je ne devois pas m’attendre à un sort si II. 17. heureux, cependant j’y fus en vogue et je crois pas une fois, que si j’y fus resté plus longtems, je n’eusse plus été si fetée. mais mon destin, qui me destinoit à me fixer ailleurs, m’en fit partir presqu’aussitot, que j’y etois arrivée. On m’adora en France, ce pays, fait pour les graces et la gayeté [me] reçut comme un Don du Ciel, toute ma famille, mon Père s’y fixa pour tout- jours et ma Mère, qui ne s’en sépara jamais, suivit son exemple, pour moi mon asile y fut toutjours. j’y fus toutjours aimée, recherchée et m’y plus tout- jours. mais destinée à courir tous les pays, je fus obligée de quitter celui-cy pour aller animer les coeurs et les esprits Italiens. Je passai donc dans ces Climats prétendus heureux, où le primptems continuel doit regner, mais où l’année se passe entre les glaçons et les chaleurs les plus excessives, quel fut mon étonnement de voir des gens, qui ne sçachant se remuer que par le moyen des animeaux, qu’on nomme Cicisbei, qui sont continuellement pendus à leur cotée, ignorent encore plus l’art de penser.

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