Sáfrán, Györgyi: Lettres de Romain Rolland a Marianne Czeke dans la Bibliotheque de l'Académie des Sciences de Hongrie (A MTAK kiadványai 48. Budapest, 1966)
10 été troublé par les vues anti-musicales et anti-artistiques de Tolstoi qui représentait un de ses idéaux, le jeune homme de 21 ans décida d'écrire á l'ermite de Iasnaia-Poliana. Tolstoi, á son tour, lui répondit en frangais par une lettre de 38 pages dans laquelle il exposait ses vues sur les arts disant que ceux-ci devaient s'adresser á tout le monde et non seulement á une couche restreinte de la société. — Quelques années plus tard Rolland écrivit á un autre grand écrivain, objet de sa vénération, Ibsen, qui, encore que gravement maiadé, ne rnanqua pas non plus de lüi répondre. C'est également par les lettres qu'il envoya chaque jour á sa mére que nous sommes initiés aux impressions que le jeune Romáin Rolland recueillait á Romé, impressions qui devaient marquer sa vie entiére et le développement de sa conscience d'artiste. A Romé, il fit la connaissance de deux personnes qui devinrent par la suite ses fidéles correspondantes. Malwida von Meysenbug (1818—1909), qui lui fut une amié toute maternelle, était une des représentantes les plus intéressantes de la révolution bourgeoise du siécle dernier et de l'idée de Fémancipation des femmes. Elle entretenait des relations avec de nombreux esprits progressistes de son époque, comme Garibaldi, Mazzini, LedruRollin etc. A Londres, elle connut les émigrés hongrois, par l'intermédiaire des Pulszky á Paris, elle se lia avec Richárd Wagner. Installée finalement á Romé et ayant rompu avec sa famille issue de l'aristocratie allemande, elle gagnait sa vie comme gouvernante, et élevait notamment les enfants du philosophe révolutionnaire russe, Herzen qui n'avaient plus leur mére. L'un de ces enfants, une fille, devint la femme de l'historien frangais, Gábriel Monod qui, á son tour' fut professeur de Romáin Rolland. C'est ainsi que le jeune Rolland eut accés au sálon de Malwida von Meysenbug á Rome. Selon Marcel Benedek, sans l'influence de Malwida, Romáin Rolland n'aurait peut-étre jamais adhéré aux idées sociales révolutionnaires. 4 L'autre correspondante de Romáin Rolland en Italie, Sofia Bertolini Guerrieri-Gonzaga, était également pupille et amié de Malwida, et c'est sous le signe de l'affection qu'ils portaient á leur grandé amié que les deux jeunes gens avaient amorcé une correspondance. Lors de sa mort Rolland écrivit á Sofia: „C'est tout un siécle puissant qui s'éteint avec elle, un siécle de génié et de passions surhumaines, sur lequel elle avait étendu, comme un voile, sa douce sérénité." La correspondance de Romáin Rolland et de Sofia a été récemment publiée. 5 C'est par correspondance que l'écrivain fera la connaissance de sa deuxiéme femme, de beaueoup plus jeune que lui, Maria Koudasova, fille d'une mére frangaise et d'un pére russe. Rolland la connut alors qu'elle était la secrétaire d'un professeur soviétique. La mariage eut lieu en 1934. Aprés la mort de son mari elle se chargea de son legs spirituel et c'est par 4 Malwida von Meysenburg: Nagy emberekre emlékezem (Memoiren einer Idealistin I—II. B.) Choix de textes établi par Mme I. Fehér. Préf. de Marcel Benedek. Budapest, 1964. 5 Chere Sofia. Choix de lettres de Romáin Rolland á Sofia Bertolini Guerrieri —Gonzaga. (1901—1908 et 1909—1932). Introduction de Umberto Zamotti—Bianco. Paris, 1959, 1960.