A Veszprém Megyei Múzeumok Közleményei 5. (Veszprém, 1966)
Nagybákay Péter: Veszprémi és Veszprém megyei céhládák
tant que caisse de ces corps de métier, versaien des allocations en cas de maladie ou d'invalidité. Ainsi le coffre constitue le prototype de la caisse d'assurance et de secours mutuel maladie-vieillesse. La vision du monde religieuse du Moyen Age — qui cherchait pour tout une préfiguration biblique — en a trouvé une aussi pour le coffre de corporation, notamment l'arche d'alliance de l'Ancien Testament. Il est vrai qu'il y a beaucoup de ressemblance dans la fonction du coffre du corps de métier et de l'arche sainte, et ce qui saute aux yeux c'est que l'on attribuait à tous les deux un certain rôle symbolique de solidarité. La disposition et la structure des coffres (Fig. 7) une fois établies n'ont guère changé au cours des siècles. C'est plutôt dans leurs ornementation qu'on peut constater l'influence de divers styles successifs, du style gothique au "Biedermeier". Les trois parties principales du coffre sont: le socle, la partie médiane ou le corps de coffre et le couvercle. En général, le coffre est monté sur des pieds. La partie médiane était souvent ornée des armes ou de l'emblème de la corporation. Au commencement le couvercle était simple et plat. Pour cacher le canon de la serrure, dès la fin du XVI e siècle, on a construit un compartimentage muni d'une tirette. C'est la cassette de serrure caractéristique (Schlosskasten), décorée d'ornementations. Le couvercle était attaché au corps du coffre par deux longues charnières. Plus tard — par mesure de sécurité — on a inventé une autre solution: on pouvait monter le couvercle dans deux glissières, enfoncées dans les deux pans latéraux, à l'aide de barres de fer plats, fixées perpendiculairement au dessous du couvercle. Par cette construction, le couvercle peut être fixé en position horizontale aud-essus du coffre ouvert. Dans le coffre on aménageait toujours un petit cloisonnement couvert pour y garder de menus objets. Les coffres du corps de métier recelaient souvent des cloisonnements, des tiroirs secrets. L'ouverture de leurs serrures compliquées pose souvent même aux experts, un problème presque insoluble. Les coffres de corporation sont des pièces spéciales de l'ébénisterie d'Europe. Leur littérature — la riche matière relative à l'histoire des us et des coutumes mise à part — est assez pauvre ; la seule oeuvre remarquable sur ce sujet est peut-être l'étude-pilote de Josef M. Greber sur les coffres des corporations des ébénistes, essai qui a servi de base à notre étude. Déjà l'Antiquité connaissait le coffre portable, de petites dimensions, qui servait à garder les valeurs. Le modèle direct du coffre du corps de métier était vraisemblablement le coffre des corporations de tailleurs de pierre de l'Italie du Nord; les maîtres y gardaient leurs dessins d'architecture et leurs calculs et comptes. Nous ne connaissons que quelques coffres gothiques qui datent du XV e siècle. Le type caractéristique du coffre du corps de métier n'apparaît qu'au XV e siècle, après la formation du métier des coffretiers (Kistenmacher)et des menuisiers. Le style sud-allemand décoratif et architectonique de l'époque Renaissance orne les coffres de frontons chargés des éléments de l'architecture de la pierre. Ce style se répand sur un territoire très vaste et se maintient même pendant l'époque baroque. Plus tard, sur les coffres simples, seuls les champs carrés, encadrés de listons profilés, plus tard ondulés, rappellent cette tendance architecturale de la Renaissance tardive. C'est en ce temps-là, à la fin du XVII e siècle, que les coffres de Veszprém et du département de Veszprém se rangent sur la ligne du développement. Du point de vue artistique, en général ils sont moins précieux que les coffres de l'étranger et que les coffres de corporation de quelques riches villes de Hongrie, mais par leur nombre considérable (69 pièces) et par leur style simplifié et d'un goût provincial, ils occupent pourtant une place remarquable parmi les monuments corporatifs de notre pays. Le coffre le plus ancien est celui des cordonniers: comme l'indiquent ses ferrures, il remonte probablement au XVII e siècle. Ce qui caractérise le groupe le plus ancien des coffres de corporation du département de Veszprém, ce sont les deux champs carrés, encadrés, qui divisent le frontispice en deux; un de ces champs se répète ordinairement sur les côtés latéraux. La plupart de ces coffres ont un couvercle plat, et l'on peut relever leur paroi droite derrière laquelle se cache un tiroir secret. Au lieu des anses latérales, on mettait souvent important sur le couvercle. Ce type — sous une forme absolument simplifiée — existait même au début du XIX e siècle. Les pièces caractéristiques appartenant à ce groupe sont p. ex. le coffre de la corporation des tisserands de Várpalota (Fig. 10), ou le coffre de la société des compagnons cordonniers (Fig. 12.). Deux coffres semblables — mais plus remarquables — sont le coffre des tonneliers de la ville de Pápa (Fig. 17—18) et celui des cordonniers de Veszprém (Fig. 19—20). Les coffres du groupe suivant datent des années 1770. Ils se caractérisent par de lignes courbes. Exécutés en bois dur compact, ils présentent des variations originales des chiffres S et С dans leurs ornementations. Contrairement aux coffres du groupe précédent „bâtis" d'une manière architecturale, on a l'impression que ceux-ci ont été formés plastiquement, en masse. Ils marient le baroque simple, populaire, un peu lourd de l'époque Marie-Thérèse aux lignes légères du rococo. Ses plus belles pièces — qui sont en même temps les plus beaux de tous les coffres traités —sont les coffres des corporations des serruriers, des horlogers et des armuriers de Veszprém (Fig. 28—31), celui des bouchers de Veszprém (Fig. 21) et le coffre des compagnons chapeliers de Veszprém (Fig. 35). Avec leur dispositif de fer138