Romer Floris: Compte-rendu (Budapest, 1878)

1 - III. LES FOSSÉS DU DIABLE EN HONGRIE

41 Les fossés du diable e?i Hongrie. A qui donc appartenaient ces grands retranchements? Les uns les attribuent aux Jazyges-Metanastae, les autres aux Huns ou aux Avares, ou à tous les deux ensemble, voire même aux Magyars, après l'occupation des régions danubiennes. D'un côté ce doute, cette hésitation, de l'autre, cette hardiesse avec laquelle on donne des noms définitifs à des peuples dont nous ne connaissons pas encore suffisamment les monuments qu'ils ont laissés après eux, est étonnante, et résulte le plus souvent du manque absolu de témoignages contemporains, dignes de toute confiance; mais plus encore de ce que, la Hongrie n'ayant pas été étudiée à fond par les savants spécialistes, on n'a pas examiné les rapports qui pouvaient exister entre les grands fossés et les camps des barbares, ni ceux que ces retranchements avaient entre eux-mêmes, pour déterminer s'ils n'étaient pas le résultat d'un système de défense, exercé pendant plusieurs siècles, par une race ou par un peuple, fût-il si primitif que possible. Selon moi, le moment n'est pas encore arrivé de faire grand bruit des résultats que nous avons obtenus jusqu'à ce jour, ni de définir à quel peuple ou à quelle tribu appartenaient ces camps presque toujours circulaires, ces longs retranchements qui enveloppent une grande partie du royaume actuel; au contraire, nous devons aller de comitat en comitat, et y chercher partout les vestiges des forteresses et des remparts, les fossés des camps, ainsi que les demeures et les cimetières de ceux qui les ont construits, soit qu'ils aient été désolés par les guerres ou aplanis par la charrue. Cette manière de procéder lentement, en prenant toutes les précautions nécessaires pour éviter les erreurs, sera peut-être considérée comme une grande faute par quelques-uns de nos ardents archéologues qui voudraient obtenir en peu de temps des résultats sinon vrais, du