Sz. Kürti Katalin - Hapák József: Munkácsy Mihály Krisztus-képei (Debrecen, 1993)

LES TABLEAUX DU CHRIST DE MIHÁLY MUNKÁCSY M IHÁLY MUNKÁCSY (1844-1900) s'installa à Paris après avoir terminé ses études à Munich et à Düsseldorf. A Paris il conti­nua à faire ses tableaux de genre sur la vie du peuple {Héros du village, Recrues, ensuite il peignit des tableaux urbains (Retour du mari ivrogne, Clochards de nuit, Visiteurs de Baba, Mont-de-piété). En 1878 il obtint un grand succès avec son Milton (après une tournée européenne le tableau reçut le médaille d'or à l'Exposition Uni­verselle de Paris) qui l'inspira d'avantage à peindre des tableaux sur l'histoire de la civilisation. Son manager Karl Sedelmeyer, le marchand d'objets d'art s'attribua l'idée du sujet du Christ, mais en réalité la question est beaucoup plus complexe. Mihály Munkácsy vit les tableaux du Christ du Tintoret à Scuola di san Rocco. Il lut le livre d'Er­nest Renan intitulé Vie de Jésus qui montre le Christ, le fils du charpantier de la Galilée en homme excellent, dévoué. C'était Antokolski, son ami peintre russe qui appela son attention sur les tableaux bibliques d'Ivanov, sur Anna Karénine de Léon Tolstoï (qui fut publié alors en feuilleton dans les journaux parisiens). Tolstoï condamne Renan et ses adeptes, ainsi que le peintre Mikhailov qui fi­gura le Christ non pas en Homme-Dieu mais en homme simple. Outre tout cela c'était encore Gus­tave Doré qui influença Munkácsy, Doré qui fit en 1864 ses illustrations pour la Bible, ensuite au dé­but des années 70 exposa ses tableaux intitulés Rêve de la femme de Pilate, Le Christ quitte le Prétoire, Ecce homo, Ac cens ion à Paris et à Londres. C'était en hiver de 1879/80 que Munkácsy commença à peindre le premier tableau auquel il donna le titre Le Christ devant Pilate. Pendant dix-huit mois il faisait trente esquisses et cinq études de composition, et après des jours de travail intense, au jour de Pâques de 1881 présenta, au pa­lais de Sedelmeyer, le tableau de dimension de 417 X 636 centimètres qu'admira la ville de Paris. Des milliers et des milliers d'hommes visitèrent l'exposition et discutèrent : est-ce que c'est un ta­bleau religieux ou philosophique ? Munkácsy réussit à représenter le Christ si auguste, si fort en foi qu'il fut reconnu et par l'Église et par Renan. Munkácsy lui-même déclara : «Je voulais représenter le Dieu apparu sous figure d'homme». Le tableau fut envoyé au voyage triomphal en Europe par Sedelmeyer : un wagon spécial le transporta de ville à ville d'abord au continent, en­suite en Angleterre. Entre-temps Munkácsy tra­vaillait sur le deuxième tableau dont le titre origi­naire était Consummatum est!, plus tard il reçut le titre Golgotha ou Le Christ sur le Calvaire. Après quinze études il se prit, en automne de 1883, à réa­liser le grand tableau. Il fit dessiner, photographier ses modèles, une fois se fit lier sur le croix pour pouvoir éprouver et mieux exprimer la douleur physique. Pour Pâques de 1884 le tableau de 460 X 712 centimètres (jusqu'ici le plus grand ta­bleau de Munkácsy) fut prêt et fut exposé au palais de Sedelmeyer, dans un pavillon construit expres­sément dans ce but, avec Le Christ devant Pilate rapporté de l'Angleterre. Le succès fut tel que même Maupassant en fit mention dans son roman intitulé Bel ami. Le premier tableau fut exposé en 1882, le deuxième en 1884 à Budapest. C'est alors que Munkácsy reçut le premier diplôme de citoyen d'honneur de la capitale et résidence unifiée, en­suite plusieurs villes hongroises continuèrent le fêter. Les deux tableaux monumentals furent ex­posés en Amérique aussi, le premier fut accom­pagné par Munkácsy lui-même en novembre 1886. Il fut accueilli et fête comme Lajos Kossuth à l'époque. Plusieurs concourirent pour acheter les tableaux, le vainqueur fut John Wanamaker, un vrai self made man qui acheta les deux tableaux pour 120 000 et 100 000 (d'après une autre source pour 175 000 et 160 000) dollars. Il les conserva dans sa maison de campagne à Jenkinstown, et à partir de 1911 à Philadelphie, dans la salle parti­culière de Wanamaker store de huit étages, emplo­yant cinq mille hommes. Plus tard c'étaient ses successeurs qui popularisèrent les deux tableaux en les suspendant dans la salle de séjour toutes les saisons de jeûne et de Pâques. C'était ainsi jus­qu'au 1988. En revenant à la vie de Munkácsy : en 1894 Gá­bor Kádár, l'artiste graphique et éditeur le chercha avec l'idée de compléter la série, c'est à dire de faire

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