Módy György szerk.: Bihari Múzeum Évkönyve 6-7. (Berettyóújfalu, 1991)

RÉGÉSZET, ÓKORTUDOMÁNY — ARCHAEOLOGIE, ALTERTUMSWISSENSCHAFT - Studia Dacica II.

» Lajos Balla STUDIA DACICA II. 1. DEFENSOR NEGOTIATORUM (SURORUM?) IN DACIA On sait depuis assez longtemps — notamment grâce aux investigations de J. Dobias — qu'à la fin du Ile siècle et à l'époque des Sévères, une apparition rela­tivement massive de Syriens se laisse constater dans les provinces du Moyen-Da­nube. Ces Syriens — qui s'étaient déplacés vers l'Ouest soit comme soldats enrôlés dans l'armée au cours des expéditions orientales, soit comme membres de familles appartenant à ces soldats, soit enfin comme personnes civiles (gens d'affaires, arti­sans, etc.) — apparaissent surtout dans les deux Pannonies et en Dacie; ils ont joué un rôle non négligeable dans la vie politique, sociale et économique de l'Em­pire. En dehors des anthroponymes, c'est l'indication negotiator (negotians) — dé­signant un homme d'affaires — qui rend possible l'„identification" des Syriens ci­Vils. A côté des noms orientaux (grecs ou sémitiques), on doit naturellement tenir compte de l'indication relative àu decurionatus ou à d'autres charges municipales ainsi que du titre de sacerdos et, dans certains cas, de la mention de telle ou telle divinité syrienne à qui s'adresse une invocation (par exemple", deus Commage­nus, etc.). 1 En ce qui concerne ces cégociants qui se disent Syriens (Suri, negotiator es), ils nous sont connus par des inscriptions conservées dans la région du Danube et avant tout en Dacie, dans des villes romaines: à Sarmizegetusa, à Apulum (et à Potaissa) 2; nous rencontrons un commerçant syrien originaire de Dacie entre 222/235 à Augusta Traiana (Thrace) 3. Et c'est de Sarmizegetusa que doit provenir l'inscription — connue seulement par copie aujourd'hui 4 — qui mentionne le defensor d'un collège de gens d'affaires : i Crasso Macro bioj negotiatores | provin­ciáé Apul(ensis) defen | sori \ optimo / l(ocus) d(auts) d(ecorionum) d(ecreto). Le terminus a quo de l'inscription est fourni par la mention de la provincia Apulensis: 167— à peu près; 5 et on est en droit de supposer que le monument de pierre se trouvait sur le forum, disparu depuis, de la colonia Ulpia Traiana Augus­ta Dacica Sarmizegetusar au temps où l'on y posait l'inscription, Crassus Macrobius était sans aucun doute un „very important person" 6. Avant une datation plus pré­cise, examinons le nom du defensor. Le fait que le cognomen latin — Crassus — figure à la place réservée en principe au nomen gentilicium, ainsi que la présence d'un cognomen grec — Macrobius — indiquent assez clairement qu'il s'agit d'une personne d'origine orientale, peut-être syrienne. (Cf. par exemple Sarmizegetusa, CIL III 7915 ...Gaius Gaianus e[t] Proculu[s] Apollofan[es] Suri neg(otiatores) .. .) 7 <— En rapport avec ce qui précède, on peut proposer une date plus précise: l'inscrip­tion a dû être posée entre 167/168 et peut-être 212, bien qu'une datation plus tardive ne soit pas nécessairement exclue. 8 Pour déterminer l'origine ethnique de Crassus Macrobius et pour dater son inscription, il faut tenir compte de certains faits dé­cisifs: les negotiatores connus de Dacie étaient, pour la plupart, d'origine orientale, notamment syrienne; d'autre part, les inscriptions relatives à ces derniers doivent être à peu près contemporaines du monument de Sarmizegetusa, consacré au de­fensor. 9 — On ne doit pas négliger le fait qu'au Ile siècle encore, les gens d'affai­res occidentaux jouaient un rôle important clairement démontrable en Dacie, alors que dès le milieu ou la fin de ce même siècle et surtout à partir de l'époque des Sévères, les orientaux ont pris protablement le dessus. 1 0 L'importance du rôle qu'ont pu jouer les orientaux (provenant d'Asie Mineure et de Syrie) dans les deux agglomérations de rang municipal les plus significatives de la Dacie: à Sarmizege­tusa et dans la colonia Aurelia Apulensis, est soulignée par l'apparition des épithè­tes metropolis et chrysopolis au temps de Sévère Alexandre et de Trebonianus Gallus. 1 1 Ainsi, la defensio de Crassus Macrobius doit remonter, le plus probablement, /aux premières décennies du Ilie siècle, donc à l'époque des Sévères, cette période de haute prospérité des III Daciae 1 2, qui se caractérise le mieux sans doute par l'essor des deux agglomérations de la Dacia Apulensis: Sarmizegetusa et Apulum. 13 Vu le grand nombre des personnes orientales dont la présence est démontrable en Dacie à cette période, on comprend que les gens d'affaires de cette origine et no­tamment les Syriens se soient groupés en un collegium 1 4 à part, comprenant les 10

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