Arrabona - Múzeumi közlemények 5. (Győr, 1963)

Christian-J. Guyonvarc’h: Arrabona, Arabo-, Aravisci. Notes sur un toponyme celtique de Hongrie

vieux nom de l'Ahr qui se jette dans le Rhin en aval de Sinzig, Baedae passió Sancti Justimi 410 sqq.: Et ingressus civiVaiem, Basüeam nomine, qua suo cursus in Rhenum infert Ara fluvius (Holder I, 170). Nous avons aussi le nom de la Saône, laquelle est bien une rivière „douce", B. G. I, 12: Flume n est Arar, quod per fines Haeduorum et Sequanorum in Rhodanum influit incredibili lenitate, ita ut oculis, in utram par­tem fluat, judiciori non possit. Ce ne sont pas à proprement parler des correspon­dances parce que les suffixations sont différentes mais tout cela évoque le thème *arabo- et aide à en comprendre le sens. La ville antique d'Arrabona doit ainsi son nom au fleuve, nommé lui-même d'après l'aspect le plus caractéristique de son cours!. La Raab ne s'éloigne pas du destin toponomastique d|e beaucoup de rivières celtiques (cf. la Glan „la pure", DubisyDoubs „le noir", *Bovmda>irl. Boann, angl. Boyne „la vache blanche", Labarusy ail. Laber „la bavarde", etc.). Son unique malchance est d'avoir pour constituant un thème peu usité pour lequel il est, jusqu'à qlus ample informé, impossible le remonter jusqu'à l'indo-européen (cf. A. Carnoy, Dictionnaire étymo­logique du proto-indo-européen, p. 87 qui indique un sens „se lever, sourdre, courir" ne pouvant nous convenir). Maintenant, souvenons-nous de Pline, nat. hist. Ill, 27: Arevacis nomen dédit fluvius Areva, Ne pourrions-nous d'ire à notre tour: Araviscis nomen dédit fluvius Arrabona? Car si les noms guerriers ou religieux dominent chez les Celtes les déno­minations géographiques font aussi partie des possibilités. Personne ne met plus en doute que les Sequani sont redevables de leur nom à la Seine, Sequana, ni que les Raurici ont emprunté le leur à la Ruhr, Raura. Nous considérerons donc comme à peu près certain que le nom de la ville d'Arrabona a été un emprunt au nom du fleuve et que le nom des Aravisci a été formé sur le même thème. Le suffixe -ona, quand on l'étudiera exhaustivement, ne fera sans doute que confirmer. Cependant l'existence du gallois araf } adjectif qui n'est pas spécialement hydronymique, incitera à une grande prudence dans la détermination des origines. Le mot appartient au fonds vivant du vocabulaire insulaire et, de ce fait, ne peut que malaisément servir de preuve à la survivance d'un thème hydronymique conti­nental antérieur à l'arrivée des Celtes. Nous ne prétendons pas qu' *arabo est cel­tique et rien que celtique, .mais nous ne le connaissons que par le celtique et c'est à cette seule branche linguistique que s'arrête l'explication cohérente basée sur des documents concrets. 1 Christian —J. Guyonvarc'h (Rennes, France) 1 Nous n'avons pas envisagé ici l'étude de l'élément *ara-, radical ou suffixe. Il est généralement considéré comme préceltique, mais les avis sont trés partagés à son sujet et, dans l'état actuel de la recherche il ne pouvait nous apporter aucun élément d'enquête positif. On consultera éventuellement à son sujet, outre Holder I, 170 et III, 647: d'Arbois de Jubainville, 'Les premiers habitants de l'Europe II, p. 133-152, A. Dauzat, Noms de lieux, p. 196 sqq., Revue 'des Etudes Anciennes XXVHI, p. 163 sqq. et Toponymie française, p. 131 sqq., Francis G. Diack, "Place-Names of Pictland, Revue Celtique XXXVni, p. 116-117, J. Hopfner, Das keltische Ara in Flussnamen, 25. Jahresbericht des Privatgym\nasiums zu Feldkirch, 1915 (dont nous n'avons pu prendre connaissance), C. Jullian, Histoire de la Gaule I, p. 113, note 7 et enfin Max Förster, Der Flussname Themse, p. 408. 100

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