Alba Regia. Annales Musei Stephani Regis. – Alba Regia. Az István Király Múzeum Évkönyve. 8.-9. 1967-1968 – Szent István Király Múzeum közleményei: C sorozat (1968)

Tanulmányok – Abhandlungen - Bojár Iván: Le pilier de pierre de Székesfehérvár. – A székesfehérvári kőpillér. VIII–IX, 1967–68. p. 43–52. t. VI.

consolidé de Liutprand (712-743). L'exemple le plus caractéristique, et incontestablement très grossièrement travaillé — qui est au début de l'évolution de cet art — est l'autel de l'église du monastère S. Pietro de Ferentillo, exécuté en 739, par Magister Ursus, sur la commande du duc de Spolète, Hilderic Dageolipa, que Liutprand avait mis à la place de Transmund II révolté. 52 Sur ce monu­ment exécuté selon une pure technique de la taille biseau­tée, ce n'est pas seulement le façonnage qui, à notre point de vue, mérite l'attention, mais aussi la multitude des rosaces à six pétales. Nous ne désirons que signaler ici quelques monuments lombards énumérés dans la partie II de notre étude. — Nous avons dit que la rosace à six pétales ne détermine en elle-même ni l'époque ni l'ethnie. Par contre, la taille biseautée et le relief en creux, en tant que manière de représentation, et l'absence de la continuité du récit symbolique, mariées à la multitude des rosaces, sont susceptibles de nous suggérer des idées en posant la question de l'origine du pilier de Székesfehérvár. Tout ceci explique pourquoi nous étions obligés de nous occuper ici de l'art lombard et d'analyser son caractère. Il reste, cependant, problématique: ne devons-nous pas mettre notre monument en rapport avec un autre peuple germanique? 53 A savoir, le milieu du VIII e siècle est, au point de vue de la Pannonié, en ce qui concerne ses rap­ports avec les Germains, encore indifférent. C'est seule­ment en 785-86, par suite de la campagne de Charlemagne que les portes s'ouvrirent pour accueillir la nouvelle pénétration de l'Occident et du christianisme. Or, dans ces temps-là, les Lombards étaient déjà eux aussi depuis vingt ans sous l'autorité des Francs. Dans l'art de l'Espagne appartenant aux Wisigoths, on voit des phénomènes analogues à ceux qu'on a constatés dans l'art lombard. Ces pourquoi nous ne pourrons négliger ceux-ci pas non plus. En Espagne, plus éloignée du centre de la culture byzantine, les conditions politiques étant relativement plus consolidées, le caractère germani­que a de bonne heure brisée les formes antiques. Le con­cile de Seville a, déjà au début du VII e siècle, donné l'ordre de reconstruire les églises détruites. Après le milieu du siècle, Reccesvintus fit élever un curieux édifice, l'église 52 Donc ce sont les conditions sociales et politiques qui expliquent l'évolution spécifique de l'art lombard et non la duplicité du vouloir et de la puissance artistique. — L'histoire de l'art formelle et analytique est nécessairement antidialectique et idéaliste. Elle regarde les éléments du style comme des éléments isolés n'existant qu'en eux-mêmes, elle est, par conséquent, incapable de comprendre leur métamorphose. A son point de vue, si ce motif est byzantin, l'art qui les distend considérablement n'est pas original, et si le motif est une invention originale, l'art qui l'a créé doit être consi­déré comme absolument spécifique. Le style, cependant, n'est pas une question de motifs, ou seulement dans une mesure fort restreinte. Le sty­le naît en tant que coefficiant des forces économiques, sociales et politi­ques, lorsque les conditions sociales dépendant du développement des conditions de la production rendent une société ou une ethnie apte à transformer les éléments étrangers selon ses propres besoins spirituels 58 A notre point de vue, les Slaves ne peuvent pas être pris en considération. Les discussions engagées sur l'origine de l'art des Croates ne se sont pas encore tues. J. Strzygowsky (Die altslavische Kunst. [Augsbourg 1929]) s'est efforcé de prouver le caractère autochtone de l'art croate, mais ne put, dans son ouvrage, du reste intéressant et soulevant nombreux nouveaux points de vue, pas arriver à ses fins. Schafran qui récem­ment s'est occupé de l'art des Lombards d'une manière très approfondie, prend position contre J. Strzygowsky. La datation tardive des monuments croates — IX« siècle — semble plaider en faveur de cette dernière opinion. En rapport avec la question, il serait intéressant d'exa­miner les pierres de Brza (près de Sarajevo), sur lesquelles se mélangent la taille biseauté et l'art byzantin, aussi les signes runiques gothiques et les caractères grecs montrent la même duplicité (G. CREMOSNIK—D. SERGEJEVSKI: Gotisches und Römisches aus Breza bei Sarajevo. Novi­tates Musei Sarajevoensis (1930) p. 9 — cf. A. ALFÖLDI: op. cit., p. 167 et note 5). D'ailleurs, nous n'avons pas trouvé de rosaces dans le groupe de monuments croates, et dans le matériel des Slaves du nord nous ne connaissons pas de monuments y respectifs. La datation tardive ôte ici tout intérêt au groupe bulgaro-turc. S. Juan Bautista, de Banos, près de Cividale, la seule église germanique qui nous soit restée. Les imitations des chapiteaux composites romains et la taille biseautée ger­manique des frises montrent les différentes formes qui s'entrelacent. Alors que dans l'empire des Ostrogoths un parallélisme existait entre les populations romaine et goth, en Occident ce furent les Goths qui constituaient la couche dirigeante. C'est justement Reccesvintus qui a invalidé le Lex visi­gothorum, en abolissant par cela la séparation de ces deux éléments ethniques, ce qui fut fait en premier lieu en faveur des Goths. Le roi Sisebout (612—620), ayant eu des aspirations littéraires, écrivit ses poèmes en langue latine. Or, le fait que c'est lui, le roi des Goths, qui était sur le plan littéraire, montre la différence fondamentale qui existait entre les couches ostrogoths et wisigoths, porteuses de la civilisation. Les Germains ont lentement anéanti — plus correctement transformé — le patrimoine artistique de la romanisation. Mais, entretemps, aussi la culture populaire germanique s'était-elle éteinte, et le peuple cessa d'être le porteur de la civilisa­tion. Ce sont les codes barbares qui nous renseignent sur les changement qui ont eu lieu dans le système social des Francs et des autres peuples barbares. Nous voyons que les différences sociales s'agrandirent de plus en plus dans les milieux francs. Ainsi, par exemple, l'amende pour l'assassinat d'un guerrier du roi était le double de celle de l'assassinat de n'importe quel Franc libre. Pour avoir tué un homme libre romain, l'assassin n'a payé que la moitié de la somme qu'il dut payer en amende pour avoir tué un Franc. Pour avoir tué un colon, l'amende était encore moins. Celui qui a tué un esclave fut puni de la même façon qu'un voleur de bestiau. Et ceci montre non seulement l'agrandissement des différences sociales, mais aussi la sous-estimation graduelle des citoyens romains. La situation de la classe dominante germanique était assez consolidée pour pouvoir venir à bout de ses sujets, qu'ils aient été des frères d'armes d'autrefois ou des cito­yens romains. Un symptôme typique de cette trans­formation sociale est que, lorsque les Francs saliens s'emparèrent de la direction, l'époque des chants héroï­ques, ces produits typiques de la culture populaire, était déjà du passé. 54 Or, l'extinction de la culture populaire ne signifiait autre chose, qu'après les fondations d'état, les Germains libres des fédéralismes tribaux partirent graduellement sur la voie qui, en définitive, les a réduit au servage. Des pauvres et des riches se trouvaient parmi eux aussi jusqu'alors, et conformément à ceci, les trouvail­les sont plus richement ornées ou sont plus simples. Ce­pendant, les monuments représentatifs ne diffèrent des autres que par leur matière et exécution, et non par leur caractère. La rupture eut lieu effectivement, mais pas en faveur des Romains ou des Germains, mais au profit des Germains appartenant à la cour, classe en voie de formation. 55 « E. A. KOSZMINSZKLT: A középkor története (Histoire du Moyen Age). (Budapest 1949) p. 17. 55 Le pouvoir de la classe dirigeante gothique se consolide, c'est elle qui, à la place des Romains, sera la porteuse de caractère germanique au lieu du peuple gothique. L'extinction du caractère populaire signifie donc que la société s'était séparée en deux parties: en travailleurs anonymes et en la classe représentative de ceux qui exerçaient le pouvoir d'état. Tout ce qui était germanique dans l'art du peuple entier obtint une forme monu­mentale durable grâce à cette couche dominante. Le peuple s'appauvrit graduellement et se contente de se procurer les biens nécessaires à la 50

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