Kunt Ernő szerk.: Kép-hagyomány – Nép-hagyomány (Miskolc, 1990)
I. RÉSZTANULMÁNYOK - Liviu P. Marcu: A Máramarosban fekvő Sapintza falu temetője festett sírjeleinek néhány vizuális antropológiai vonatkozása
venit cu-coasa mea / Sä cosesc iarba eu ea / Sä däm la cai de mîneat / Acuma-i timpul de arat (O! Mon pré! Mon bien-aimé! / Me voici auprès de toi! / Je suis venu avec ma faux, / Pour faucher l'herbe bien haut / Pour faire manger les chevaux / Car voici venir le temps du labourage!)." 6 Toutes ces diverses mentions mettent aussi en lumière un autre aspect de la mentalité collective rurale: il s'agit de l'attitude prise par les paysans à rencontre de la mort, qu'ils conçoivent, d'habitude, tout matérialment, non pas d'une manière purement spirituelle, comme la conçoivent les dogmes religilu. On y voit une continuation de la vie sous une autre ferme corporelle. C'est justement pourquoi on la conçoit comme un simple passage de la vie terrestre vers une autre vie, dans un monde surnaturel. C'est ce qui explique la teneur de certaines formules funéraires, de simple salut adressé aux survivants: Si amu vä dau salut / Cä nu ne-om vedea mai mult! (Et maintenant je vous salue / Car nous ne reverrons plus!)." Cette attitude est commune à un très grand nombre de sociétés traditionnelles, comme l'atteste l'ethnologie comparée. 7 Mais elle reçois, sous son aspect historique, une signification particulière, lorsqu'il s'agit, comme c'est justement le cas, d'une population dont les ancêtres - comme l'attestent absolument toutes les sources antiques - „affirmaient qu'ils s'estimaient être immortels." 8 Les images visuelles sont censées, partant, de remplir un rôle particulier: celui de maintenir toujours vivante la personnalité du défunt, par les traits, justement, qui semblent remémorer ce qu'il a eu de plus caractéristique et, d'abord, par l'activité qui l'avait fait vivre et qui l'avait imposé dans la communauté villageoise dans laquelle il avait vécu, activité qu'il désire pouvoir continuer dans un autre monde. C'est justement cette perspective qui impose au maître sculpteur populaire de ne pas se résumer seulement à peindre le plus exactement possible l'activité du défunt ; il lui faut aussi exprimer artistiquement un jugement de valeur concernant ce dernier. De la sorte, une vie riche en belles réalisations est présantée en des images spécifiques, accompagnées aussi de certaines caractérisations en vers de la personnalité du défunt. Nous en avons mentionné quelques unes ci-dessus. Chaque fois, ces mentions - très variées, d'ailleurs, dans leurs fomules - ont un caractère élogieux. Au contraire, une personne qui ne semble avoir pas été particulièrement active durant sa vie (mortelle) est soumise, à défaut d'éloges possible, à une critique acérée. On lui fait dire en effer: „De cînd Pi§ta a murit / Tare bine-am hodinit! / Loturile-în parte-am dat / Si nimica nam lucrat! / (Depuis que Etienne est mort / Rien de plus beau que mon sort! / J'ai pu prendre un métayer / Pour ne plus rien travailler!)." Un agent du fisc, un percepter qui, semble-til, aimait se faire graser la patte, est satyrisé'd'une manière indirecte par les paroles d'un de ses contribuables qui venait de mourir: „Pe lume cît am träit / Pomi frumosj am tot sädit I . . .1 Nu multe meream mîneat / Cäci la perceptor le-am dat! / (Oh! Lorsque vivant j'étais / Des arbres fruitiers plantais / Mais les pommes, par malheur / Les mangeait le percepteur!)." Nous sentons augumenter l'émotion qui se dégage des ces monuments tombales à vers funèbres, lorsque nous voyons un père exprimer son angoisse de cette manière: „Doi feciori eu am avut / La mormîntare n-au venit! (J'avais eu deux fils bien chère / Mais ils ne sont pas venus à mon enterrement!)." Le moment culminant est atteint lorsque l'on prend connaissance du pardon suprême accordé au meurtrier par la victime d'un matricide: „Mai Grigä sä fii iertat / §i daca m-ai înjunghiat / Cînd ai venit din sat beat! (Cher Grégoire, je t'absous, / Parce que tu étais soul / Quand, de retour du village / M-as donné ce coup sauvage!)." 9 ' Ces biographies si brèves, comprenant des caractérisations au compte du défunt. Elles ont, de la sorte, la valeur d'une dernière confession, ce qui, selon la coutume populaire, semble avoir une signification particulière, étant donné son caractère „au moment suprême." On surprend même l'utilisation du pluriel dans certains cas (par exemple: