Kunt Ernő szerk.: Kép-hagyomány – Nép-hagyomány (Miskolc, 1990)

I. RÉSZTANULMÁNYOK - Liviu P. Marcu: A Máramarosban fekvő Sapintza falu temetője festett sírjeleinek néhány vizuális antropológiai vonatkozása

„Dragi ne-au fost oi^ele . . .-Oh! Combien chères nous ont été les brebis!") ce qui n'est pas seulement une preuve de modestie personnelle, mais aussi un vestige lointain d'une structure psychique spécifique aux anciennes sociétés aux traditions communautaires et, partant, impersonnelles. Contemplés sous cet aspect, les jugement de valeur formu­lés dans les représentations artistiques sur les monuments tombau de Sapintza sont mo­ins l'expression d'une conception personnelle - ce qui serait bien hasardé au moment de la mort - mais surtout celle de l'opinion publique constituée durant la vie entière que le défunt a vécue dans la communauté de son village. L'aspect axiologique des images funéraires, ainsi que les commentaires si émou­vants qui les accompagnent, acquèrent, de la sorte, une dimension majeure. En effet, tontes les appréciations qui y figurent sont faites à l'échelle de valeur de la communauté tout entière. L'artiste populaire agit donc en qualité de mandataire de l'opinion pub­lique du village, tel le chorus de la tragédie antique qui intervient justement pour donner à cette opinion une facture immortelle, par les structures artistique qu'il conférait à ses vers. Lorsqu'on lui demanda, en effet, pourquoi entendait-il procéder toujours de la sorte, maître Petrutza répondu: „II est bien possible qu'ils aspirent à garder un souvenir, non pas tant de ma part, que la part de celui qui au aussi voir cette face de la mort. Ils ignorent, les pauvres gens, que je n'invente rien; et que je ne leur montre que ce qu'ils n'ont pas pu voir dans son intégrité."" 1 Dans les villages traditionnels, l'opinion publique connaissait, naguère, bien d'aut­res formes de manifestation de ses conceptions collectives. Ce sont surtout les „cete de feciori" („confréries de jeunes gens") qui jouaient un rôle bien important à ce propos. Leur rôle était souvent celui de manifester une fonction juridictionnelle ludique, par leurs: „Strigäri la horä" („crois durant la ronde") , „Strigäri peste sat" (crois pardessus le village"), „Baba roata" (la vieille roue") etc. 11 Cette attitude était prise envers certaines personnes qui enfreignaient le code éthique de la communauté et se trouvaient expo­sées, de la sorte, à l'opprobre public. Dans la cimetière dont il est question les apprécia­tions négatives figurant sur les monuments funérairea prenaient la valeur d'une sorte de „cri au-delà de la tombe", d'autant plus impessionnant qu'il s'agissait d'une apprecia­tion définitive. D'ailleurs, même durant sa vie, celui qui était arrivé a voir son nom entré „in gura satului" („dans la bouche du village") avait probablement reçu un sobriquet, général péjoratif, qui, d'habitude, s'hérite d'une génération à l'autre. 12 Cette forme de critique collective, qui aboutissait, à la longue, à une véritable „mort civile" de celui visé par elle, et qui ne distinguait nullement entre les vivants et les morts, avait le don de faire une grande peur à ceux qu'elle visait. C'est ainsi qu'un cer­tain meunier, pour faire écarter les soupçons d'avoir trompé ses clients en prenant plus qu'il ne l'aurait dû pour sa part de la farine qu'il leur fournissait pour leur grains, trouvait plus séant de faire préciser, sur sa tombe, que „Putinä vamä-am luat (J'ai pris bien peu de farine en plus de mon dû)." La peur prend la forme de l'angoisse, de la terreur même, lorsqu'il s'agit d'imprécations considérées comme faites au moment de la mort du défunt telle celle qui figure sur la tombe de celui qui fut tué „par un gendarme bien méchant," qui „Capul de trup 1-a täiat / Si a§a m-a îngropat / Fie-în veci el blestemat! (Il m'a séparé la tête du tronc / Et il m'a fait enterrer de la sorte! Puisset-il étre maudit dans les siècles des siècles!)." Ainsi que le village a gardé la mémoire, le gendarme coupable aurait of­fert au mûtre sculpteur des sommes importantes pour qu'il efface Fin scription venge­resse. Mais celui-ci a refusé d'effacer ces paroles qui, selon la mentalité traditionnelle, ne manquaient pas de signification magique. 13 C'est pour un motif sembleble que, lors­qu'il s'était agi d'un matricide, dont le coupable eut a subir de lourdes conséquences, on a estimé comme étant absolument nécessaire de mentionner au moins sur le monument tombal le pardon maternel: „Mäi Grigä, sa fii iertat (Cher Grégoire, je t'absous)." Si l'on veut les considérer d'un point de vue strictement individuel, ces monuments

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