A Herman Ottó Múzeum Évkönyve 46. (2007)

ELŐADÁSOK A VALLONOK TÖRTENETÉHEZ - Klára Korompay: Onomastique littéraire: le Roman deTristan et la Hongrie médiévale

Question sensible: où situer le rendez-vous des ces diverses traditions ? Peut-on s'imaginer que la Hongrie de l'époque offre un terrain favorable pour ce genre de "trinôme" sortant de l'ordinaire ? Vu que la famille est d'origine allemande, l'idée s'impose, idée formulée tour à tour par Dezső Pais (ibid.) et Ágnes Kurcz (1988, p. 248), spécialiste de la culture chevaleresque de la Hongrie médiévale, que c'est par ce biais qu'elle avait accès à la connaissance des noms littéraires. Le témoignage de l'onomastique va dans le même sens: si, à propos de Tristan, il est justifié de parler d'une certaine diffusion, tel n'est pas le cas pour Lanceret et Iven. Ces deux noms restent extrêmement rares: au-delà du cas propre à la famille Búzád, ils n'apparaissent qu'exceptionnellement au cours du 13 e siècle. 3 Donner une interprétaiton nuancée à l'ensemble de ces noms littéraires c'est tout d'abord reconnaître que le cas le plus brillant est un cas singulier. C'est un reflet unique, apparu en Hongrie mais significatif avant tout pour le domaine allemand, du rayonnement des romans français dans l'Europe médivale. Quant à la présence des noms de Tristan et Yseut dans l'anthroponymie hongroise, elle est assez importante pour qu'on puisse parler d'une mode, reflet probable d'une influence littéraire, venue pendant la première moitié du 13 e siècle. S'agit-il d'une influence française ou allemande? Définir le contexte linguistique de la transmission est une tâche complexe, d'autant que les années 1170-1220 sont l'âge d'or des relations franco-hongroises du Moyen Age, à la fois par les mariages dynastiques et par l'établissement des colons wallons dans diverses régions de la Hongrie. Les conditions historiques ainsi réunies plaident en faveur d'une origine française; toutefois, les indices concrets que l'on peut saisir indiquent plutôt une autre direction. Rappelons que de nombreuses mentions de Tristan sont localisées dans l'ouest du pays, région limitrophe avec le domaine allemand; rappelons également que plusieurs de ces familles étaient d'origine allemande; signalons la présence de noms comme celui de Gotharddans l'entourage de Tristan (cas 8) ou d'Yseut (cas 1). N'oublions pas, enfin, que la forme des deux noms est plus proche de celle des versions allemandes que de celles rendues célèbres par les versions françaises. L'ensemble de ces éléments donne une cohérence à l'hypothèse d'une influence allemande. Si l'anthroponymie est un terrain qui permet d'ouvrir des perspectives vers les domaines culturel, littéraire et linguistique, les cas hongrois de Tristan et Yseut peuvent se lire comme traces, signes à interpréter, éléments possibles d'une construction selon laquelle une mode onomastique et une tradition littéraire peuvent avoir des liens intimes entre elles. 3 Pour Lanceret, voir 1260/1342: "Martino, fratre dicti Benedicti et filio eiusdem Lancreti" (Mon Strig. III, 420) et 1275: "Comiti Marthinus et filijs suis Lancherech et Svngud nominatis" (ÁÚO. XII, 161), comitat Somogy (sud-ouest). La forme du nom est proche de la forme allemande; с transcrit [ts] en ancien hong­rois. Pour Iven, voir 1283: "Georgius paulus et Johannes fily Juen de Sul" (HO. VI, 293). Kurcz (ibid., pp. 248, 307, 308) signale, pour les années 1201-1220, l'existence d'un cas deArthus (suivi de deux cas plus tardifs) et d'un cas de Weniver. 574

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