A Herman Ottó Múzeum Évkönyve 46. (2007)

ELŐADÁSOK A VALLONOK TÖRTENETÉHEZ - Klára Korompay: Onomastique littéraire: le Roman deTristan et la Hongrie médiévale

et sa transgression, ne serait-ce qu'au niveau de l'appellation. Si le cas apparaît tout de même (voir celui de 1188, soulevé par Madame Rita Lejeune, 1971), c'est pour mieux souligner qu'il s'agit d'une exception. Élément paradoxal: les deux noms, indissociables d'un point de vue d'onomastique littéraire, ont toutes les chances d'être dissociés dans le choix des parents. Pour revenir aux cas hongrois, le décalage chronologique n'est pas le seul élément déconcertant. La diffusion géographique de Tristan et celle d'Yseut ne se recoupent pas du tout: si Tristan apparaît le plus souvent dans l'ouest du pays et plus d'une fois dans des familles d'origine allemande, le nom & Yseut est attesté un peu partout en Hongrie, quelques dizaines d'années plus tard, il est vrai. Le milieu social, en revanche, présente des analogies: "cornes Tristan" et "domina Yseut" appartiennent souvent à la petite noblesse. La forme des deux noms mérite une attention toute spéciale, d'autant que c'est par ce biais que l'origine de la mode a quelques chances d'être élucidée. Pour Tristan, les variations sont faibles pour la période du 13 e siècle. Le plus souvent latinisé en Tristanus ou Tristianus, ce nom reste en réalité assez fidèle à sa forme d'origine. À propos de Tristianus, on peut se demander s'il ne résulte pas d'un croisement entre Tristanus et Christianus (ce dernier étant un nom assez répandu) et si la confusion graphique entre t et с (courante à l'époque) n'a pas ajouté à la confusion des deux noms. En ce qui concerne Yseut, la forme graphique présente deux variantes: d'une part Isalt(h), de l'autre Isalch. Pour la valeur de s en position intervocalique, elle correspond en ancien hongrois non pas à [z] mais à [—], d'où Izsalt, selon l'orthographe moderne. (Ce nom a disparu par la suite, pour réapparaître à l'époque moderne sous forme á'Izolda.) Reste à savoir si la variante médiévale en ch est à mettre (une fois de plus) sur le compte de la confusion entre t et с ou bien si elle s'explique par l'introduction d'un suffixe diminutif qui doit se lire [ti], la graphie venant de l'ancien français pour transcrire l'affriquée. Le nombre des attestations est suffisamment élevé pour donner du poids à cette hypothèse. D'où vient la forme Isaltl En examinant la possibilité d'une origine française, Bárczi (1938/1980, pp. 176-177) souligne plusieurs difficultés: celle de la forme en [—], la présence de /, etc. Dans son ensemble, Isalt s'explique pour lui davantage sur les bases de la langue allemande. L'analyse des cas hongrois à la lumière des versions littéraires Si, selon le témoignage de l'onomastique, les deux noms apparaissent en Hongrie sous forme de Tristan et Isalt, revenir aux sources littéraires a l'intérêt de révéler s'il existe telle ou telle version française ou allemande proposant éventuellement les mêmes formes - d'où l'espoir d'établir un lien entre la mode et son origine. Dans le tableau qui suit, nous passons en revue, autant que nos sources le permettent, la leçon des principales versions, en faisant également une place aux variations. 1 Les 1 Faire ressortir la "forme typique" soulève évidemment de nombreuses difficultés, dont celle qui résulte des divergences des manuscrits. Les choix des éditeurs m'ont guidée sur ce point. Remarque concernant les sources: pour les versions allemandes, j'ai rarement pu remonter aux textes médiévaux. Pour Gottfried, j'ai consulté une édition bilingue (Gottfried von Straßburg, Tristan, Mittelhochdeutsch / Neuhochdeutsch, 1-3, Philipp Reclam jun., Stuttgart, 1998) ; pour Eilhart, je me réfère à la traduction de René Pérennec et aux no­tes qui l'accompagnent (1995, pp. 1378-1379); pour Tristan le Nain, je m'appuie sur les formes retenues par 571

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