A Herman Ottó Múzeum Évkönyve 46. (2007)

ELŐADÁSOK A VALLONOK TÖRTENETÉHEZ - Klára Korompay: Onomastique littéraire: le Roman deTristan et la Hongrie médiévale

1176, Chrétien de Troyes évoque le récit qu'il a fait lui-même "du roi Marc et d'Yseut la blonde". Récit perdu, une fois de plus. (Cligès ne serait-il pas un anti-Tristan, selon les spécialistes?) Tous ces éléments, témoignant d'une diffusion importante, permettent d'avancer qu'avant l'apparition des textes conservés, des versions orales et écrites existaient déjà, probablement dès le milieu du 12 e siècle (voir Baumgarner 1987a, pp. 11-13, 1987b, p. 2498). Les versions médiévales de Tristan et Yseut Deux versions majeures, rédigées en ancien français approximativement à la même période, sont au cœur de la tradition littéraire : celle de Thomas d'un côté, de Béroul de l'autre. Le texte de Thomas est conservé dans dix fragments, émanant de six manuscrits différents ; l'ensemble de ces fragments donne aujourd'hui 3294 vers (voir Baumgartner­Short-Lecoy 2003, p. 9; voir également Marchello-Nizia 1995b, pp. 1208-1224). Deux remarques s'imposent à ce propos. Selon l'hypothèse de Félix Lecoy, l'œuvre en comptait en réalité 12 à 13 mille. La notion des pertes est donc à souligner, notion à ne jamais perdre de vue à propos de la production littéraire du Moyen Âge. Un deuxième élément est autrement plus insolite. L'un des six manuscrits, le fragment de Carlisle (voir Short 1995), fut découvert au début des années 1990, dans une bibliothèque de province d'Angleterre, sur les feuillets de garde d'un cartulaire latin: "découverte aussi récente qu'inespérée" (Baumgartner-Short-Lecoy 2003, p. 10), inespérée aussi en cela que ce fragment de 154 vers propose le début du récit, l'histoire du philtre, alors que la version de Thomas, telle qu'elle nous est parvenue dans les manuscrits conservés, donne essentiellement la partie finale de l'histoire, laissant une immense lacune qui ne peut être comblée qu'à partir d'autres versions (notamment de celle de Gottfried). Thomas lui-même appartient au monde des clercs travaillant dans le milieu anglo-normand de l'époque. Il est peut-être originaire d'Angleterre (la précision de ses descriptions le laisse supposer), mais sa biographie reste inconnue. Avait-il des liens avec la cour d'Henri II Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine ? L'hypothèse a été formulée mais l'œuvre ne recèle "aucune allusion explicite à ce milieu" (ibid., p. 11). Il compose son œuvre aux alentours de 1170, en dialecte anglo-normand. Quant à la forme, c'est un texte en octosyllabes. Pour les questions littéraires de cette version, une analyse brillante apporte des lumières, dans ГIntroduction d'une nouvelle édition (Baumgartner-Short-Lecoy 2003, pp. 9-36). L'auteur consacre une attention toute particulière à l'attitude du narrateur qu'est Thomas, narrateur pessimiste et impartial, observateur de la passion de l'amour, sondant les souffrances de ses personnages et introduisant ses propres commentaires psychologiques dans le récit où l'amour apparaît comme une passion tragique, indissociablement liée à la pulsion de mort. C'est cette tonalité qui marque la version de Thomas, version qualifiée depuis fort longtemps par les spécialistes de "version courtoise", par opposition à la "version commune", représentée par Béroul. 566

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