Papers and Documents relating to the Foreign Relations of Hungary, Volume 2, 1921 (Budapest, 1946)
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I 78 1921 je lui ai expliqué les raisons pour lesquelles mon Gouvernement trouverait très à propos la rencontre sur le Danube en lui faisant comprendre que si c'est difficile pour lui de venir en Hongrie, c'est tout à fait impossible à notre Gouvernement de se rendre dans la partie de la Tchécoslovaquie qui nous a été prise. D'abord les effets sur le Parlement en seraient peu désirables, ensuite notre Ministre des Affaires étrangères 1 craint que cela pourrait causer des démonstrations hungarophiles dans ces pays et cela serait aussi très désagréable à notre Ministre; il aurait le sentiment d'avoir attiré dans une sorte de guet-apens le Ministre tchèque ; d'autre part les démonstrations tchèques seraient naturellement très désagréables à nos Ministres personnellement dans ces régions. Dans les deux cas, les démonstrations porteraient ofnbrage à la conférence. M. Benes me dit que le Danube ne lui convient nullement, qu'il trouve cela peu naturel, très forcé et tiré par les cheveux et il craint qu'en général on se moquerait de l'idée de se rencontrer sur l'eau; il propose plutôt le château du comte Louis Károlyi 2 ou tout autre château sur la frontière slovaque, place très propice pour la conférence, et il conseille à notre Gouvernement de ne pas y voir une question de prestige car cela n'en est pas une. Les questions de prestige ne sont plus de mise dans les temps démocratiques où nous sommes et la Hongrie aura sûrement avantage à ce que ses Ministres ne s'attachent pas trop à des questions de prestige. Je lui répondis que, moi aussi, je trouve que les questions de prestige appartiennent à un temps révolu, mais alors pourquoi n'a-t-il pas accepté le château de Hédervár en Hongrie, très facilement accessible puisqu'il se trouve vis-à-vis de Presbourg. Là-dessus, il m'avoua que la vraie raison est qu'il a peur des bandes d'officiers qui pourraient le saisir et que cela aurait ensuite des conséquences funestes pour la Hongrie; son emprisonnement même de quelques jours pourrait causer des calamités en Bohême. Je lui répliquais que j'offre mon cou à être coupé si quelque chose lui arrive et que je m'engage à servir d'otage pour assurer sa sécurité. D'ailleurs s'il a déjà cette appréhension contre un château en Hongrie, il ne peut pas avoir ces mêmes idées à propos d'un château sur territoire neutre et il connaît très mal les circonstances en Hongrie. 1 Dr. Gratz. 2 Tótmegyer.