Folia archeologica 45.

Dienes István: A honfoglalás kori magyar kovácsok egyik mesterfogásáról (Jegyzetekkel ellátta: Fodor István)

224 Kiss E I ELE un lion, un lion ailé et un griffon avaient peut-être un caractère apotropaïque pouvant être mis en rapport avec le caractère protecteur de l'eau-bénite. En cette usage quasi-sacrée, ces animaux tirés de l'imagerie profane ont une place analo­gue dans les frontispices des manuscrits tels que le Psautier Barberini. Pour mieux situer le bénitier, on peut le rapprocher à un groupe d'objets profanes, tels que la tasse en argent du trésor de Dune (Gotland), celle trouvée à Preslav (Bulgarie), une variante provinciale du même type et surtout celle trouvée à Plehanova (dans la région de Perm en Russie), un groupe constantinopolitain où l'inspiration chi­noise est très sensible, dont la date remonterait autours de l'an mil. Cette datation est confirmée par les rinceaux de la tasse de Plehanova, où les vrilles partent à l'intérieur des rinceaux pour ne tourner qu'après vers l'extérieur en croisant le rinceau principal. Cela est présent aussi sur les prototypes de ce type d'ornement byzantin: l'argenterie sassanide (ou sogdien), comme p. ex. sur deux seaux en argent du fin du 8 èm e - début du 9 èm e siècles (trouvés en Russie, Afanasievo et Sirokovo), pour disparaître assez vite de Byzance (l'autre exemple byzantin du 1 ()<""' siècle se trouvant sur un coffre en ivoire à Paris et à Dijon). L autre preuve de leur date relativement précoce est le poinçonnage commun au bénitier de Beszte­rce et à la tasse de Dune, une technique très répandue clans l'orfèvrerie sassanide et islamique ou chinoise de l'époque T'ang, présent encore au 10 èm e siècle à By­zance (sur la staurothèque de Limbourg), pour disparaître pendant le 1 l èm e siècle (saufen Géorgie) et ne redevenir commune dans l'orfèvrerie byzantine qu'au 12 eme siècle avec un tout autre type d'ornementation. Ces deux caractéristiques (les vrilles spéciales et le poinçonnage), présents sur le bénitier de Beszterce, appuyeraient pour cet objet une datation vers l'an mil, l'époque de la fondation de la monarchie hongroise. Un autre objet byzantin célèbre, la « lanterne de Beaulieu » se rapproche en sa forme du bénitier de Beszterce, mais comme leur forme est très particulière, différant des bénitiers connus (antiques, de l'Occident médiévale ou métabyzanti­nes), une fonction de bénitier pourtant très probable de la « lanterne » n'était pas jusqu'ici prise en considération. Les pieds du bénitier se rapprochent de ceux d'un chandelier géorgien (Mar­twili), se référant probablement à des prototypes antiques et byzantines. Pour mieux situer le bénitier en Hongrie, il faut nous rappeler que la pre­mière mention explicite en Occident à des bénitiers se trouve dans l'inventaire du monastère bénédictin principal de la Hongrie au Mont Saint Martin (aujourd'hui Pannonhalma) vers les années 1090 avec 4 bénitiers mentionnés. Le nombre sin­gulièrement élevé de ces vaisselles peut indiquer qu'ils pourraient provenir d'autres monastères disparus, à l'époque probablement grecs. En outre, il y a un manuscrit (Pontificale) liturgique latin, conservé à Zagreb (Croatie), qui contenait l'indica­tion du rite de la bénédiction de l'eau à la Théophanie « ut mos est grecorum ». Ce manuscript faisait part des cadeaux des églises de la Hongrie pour la cathédrale de Zagreb nouvellement fondée à la fin du 1 l èm e siècle. Le lieu de découverte du bénitier, la site de l'ancien monastère de Beszterce (comité Szabolcs à la partie Est de la Hongrie), dédié au Christ-Sauveur (datant probablement de la fin du 12 èm e - début du 13 èm e siècles, avec les vestiges d'un établissement ecclésial antérieur) a fourni un autre objet byzantin d'une époque non déterminée, un pied de chandelier. Tout cela pourrait appuyer l'existence d'un monastère orthodoxe ici, sans la possibilité de vérifier cela dans de nouveaux fouilles. Etele Kiss

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