Az Eszterházy Károly Tanárképző Főiskola Tudományos Közleményei. 2003. Sectio Romanica. (Acta Academiae Paedagogicae Agriensis : Nova series ; Tom. 30)
I. Littérature L AURENCE GHIGNY: Stratégies et littérature fin du XIX6 siécle en Belgique
8 Laurence Ghigny culturel frangais peut paradoxalement subsister dans les périodes on ces littératures francophones se présentent comme les plus autonomes par rapport á ce champ. En ce qui concerne la Belgique, la proclamation d'une autonomie littéraire et artistique, en relation directe avec l'affirmation d'une indépendance pohtique acquise ä partir de 1830, se fait jour ä la fin du XIX e siécle et particuhérement dans les années 1880 qui voient un rayonnement considérable de l'activité artistique en Belgique (creation de nombreuses revues comme La Jeune Belgique, La Wallonie ; naissance d'associations : Le Groupe des XX ; éclosion d'un art pratiquement national : l'art nouveau. ..) Autant de phénoménes qui tendent ä prouver qu'une certaine institution artistique se constitue de maniére visible en Belgique durant ces années. Mais je voudrais démontrer que, contrairement ä l'image affichée par cette institution et aux discours proclamés par les acteurs de cellesci (avocats, hommes d'affaires, écrivains, peintres, critiques d'art. . .), les différentes demarches entreprises pourraient donner l'impression, aprés analyse, d'aller dans le sens de « l'idéologie frangaise ». Une attitude éventuellement motivée par deux volontés distinctes, d'une part, celle de la structure frangaise elle-méme et d'autre part, celle des acteurs du champ artistique beige de la fin du XIX e siécle tels que Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, Camille Lemonnier, Georges Rodenbach, Edmond Picard, etc. Quelle est la caractéristique de l'idéologie frangaise liée ä la culture ? Elle est avant tout, et il s'agit lä d'un lieu commun, universaliste, globalisante, assimilante. Cette tendance, sur laquelle nous ne nous appesantirons pas, est entre autres repérable ä travers des phénoménes apparemment anodins qui consistent, par exemple, ä considérer un artiste s'exprimant en frangais et ayant atteint une renommée internationale, comme Francais. L'esprit culturel frangais ne supporte pas le régionalisme, le particularisme ni en son sein ni ä l'extérieur. II s'agit pour lui de ramener l'inconnu au connu par des procédés généralement similaires et répétitifs. Ainsi le fait d'appeler tel prix littéraire belge « Le Goncourt belge », reléve d'un processus qui opére une francisation du systéme de reconnaissance de l'Institution littéraire belge et par la d'une démarche d'appropriation de l'Institution littéraire belge elle-méme. Dans cette perspective, comment le fameux slogan « soyons-nous », 2 proclamé par les jeunes écrivains bourgeois de Belgique dans les années 1880, a-t-il pu fonctionner ? Peut-étre parce que la formule, par sa nature bréve et done forcément elliptique, a maintenu assez d'imprécision que pour satisfaire 2 * * Phrase célébre prononcée lors de ^inauguration de la revue « La Jeune Belgique » et acceptée par la majorité des artistes ayant participé ä la revue, dans ses débuts du moins, c'est-a-dire Camille Lemonnier, Georges Rodenbach, Emile Verhaeren, etc.