Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 25. (Budapest, 2007)

András SZILÁGYI: Mercurius navigans. Un pendentif en forme de bateau provenant de la collection Esterházy

5. Frontispice du Recueil de poésies de Miklós Zrínyi, Vienne, 1651. Gravure en taille-douce de Georg Subarich viennois Georg Subarich, s’était inspiré de la gravure en taille-douce de 1647 de Giacomo Piccini, sans doute, sur les intentions de l’auteur, Miklós Zrínyi.13 La seule modifica­tion essentielle qu’il fit par rapport à celle-ci est qu’il remplaça Mercure au gouvernail du navire par un guerrier vêtu de haubert. L’analogie des deux compositions est manifeste: ici comme là, l’auteur ’se fait voir’. Sur le frontispice de l’ouvrage publié à Vienne, le comte Miklós Zrínyi le fait d’une manière qui ne prête à aucune équivoque: il s’identifie en toute fierté à l’épithète honori­fique que ses contemporains lui donnèrent en signe de leur estime pour son talent et qui compare son oeuvre poétique à celui de Marino et du Tasse. En s’inspirant de cette qualification louangeuse, il se nomme, comme on le voit sur l’inscription faite en majuscules, le comte Miklós Zrínyi, syrène de la mer Adriatique. Bravant les périls, affrontant les forces hostiles, il est prêt à suivre la voca­tion à laquelle il est destiné par le sort. Cette vocation consiste à se tenir sans relâche prêt pour le combat, à s’engager dans la lutte per­manente contre ,,1’ennemi naturel”: l’empire ottoman. La ‘tenue’ du héros - cuirasse et heaume, peu appropriés à la navigation - sert à mettre en relief cette vocation militaire. Tout cela est confirmé par la devise person­nelle souvent citée du poète et homme de guerre: Sors bona nihilaliud. Il est à noter que les deux gravures de frontispice, celle de G. Piccini et celle de G. Subarich, ont une postérité intéressante, voire commune, ce dont témoigne le fron­tispice allégorique à plusieurs personnages, minutieusement élaboré, d’un ouvrage pub­lié à Venise en 1660.14 II s’agit de la traduc­tion croate du Siège de Sziget de Miklós Zrínyi dont le traducteur et l’éditeur fut le frère cadet de l’auteur: Péter Zrínyi (1621- 1671), ‘commandant du littoral adriatique’ et ban de Croatie. (Fig. 6.) Lui qui, d’après ses contemporains, égalait en ‘vertus’ son frère aîné renommé, fit une commande “sur mesure” à Giacomo Piccini, graveur du fron­tispice du MercurioF Piccini recomposa sa propre gravure de 1647, déjà en connais­sance de la gravure de frontispice exécutée par Georg Subarich en 1651. (Fig. 7.) Cette modification eut lieu sur les instructions per­sonnelles de Péter Zrínyi, en 1660, l’année où fut publiée „la Zrinyiade croate” à Venise. Dans cette lignée particulière des oeuvres citées ci-dessus se range un objet d’art curieux qui diffère des précédentes par son genre aussi bien que par sa destination. Il s’agit d’un pen­dentif émaillé de la collection du Musée des Arts Décoratifs de Budapest qui a été acquis du trésor princier de la famille Esterházy.16 (Fig. 8.) Les auteurs des publications qui ont consacré quelques lignes à sa description sont d’accord pour constater que c’est un objet 47

Next

/
Thumbnails
Contents