Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 25. (Budapest, 2007)

András SZILÁGYI: Mercurius navigans. Un pendentif en forme de bateau provenant de la collection Esterházy

3. Marque typographique de l’imprimerie dirigée par Jean Bellère, Anvers, vers 1600 Dans le cas de celles-ci, la différence n’est pas très apparente par rapport à l’emblème cité d’Alciati - on reste dans le même ordre d’idées - mais elle mérite toute notre atten­tion: Nature étant remplacée par la bonne fortune dans cette formule un peu modifiée, le contexte suggère un lien très étroit, quasi symbiotique des deux entités Ars et Fortuna. Cette idée est accentuée par la composition graphique de sens emblématique de la mar­que d’imprimerie ci-reproduite: on y voit un bateau à voile qui devient motif central, avec deux personnages à bord.9 Celui qui est au gouvernail est Mercure et l’autre sa passagère, Fortune. (Fig. 3.) Il s’agit donc des mêmes personnages qui figurent chez Alciati et ses successeurs, par exemple sur l’illustration de sens similaire du livre de J. Baudoin. La signi­fication de cette composition, en conformité avec le message de la devise en exergue, est tout à fait claire: sous le patronage de Fortune et jouissant de ses bonnes grâces, Mercure protège et aide tous ceux à atteindre leur but et à assumer leurs tâches quotidi­ennes qui pratiquent une activité faisant par­tie des arts et métiers (Ars). Et par là, il aide tous ceux qui, au cours de leur vie quotidi­enne laborieuse, font preuve de leurs capa­cités et de leurs ‘vertus’. Mais cette “vie laborieuse” dont le méta­phore courant est le long voyage en mer, plein de péripéties et de vicissitudes depuis le départ jusqu’à l’arrivée à la destination est elle-même pleine d’aventures et de défis, de dangers et d’épreuves. Est-il possible d’évo­quer tout cela d’une façon visuelle et si oui, par quels motifs a-t-on recours? Une réponse frappante est donnée à cette question par une gravure en taille douce de Giacomo Piccini, ornant le frontispice d’un ouvrage publié en 1647 à Venise (malgré que Casale soit indiqué comme lieu d’édition). Le livre en question est le deuxième tome d’une chronique d’histoire volumineuse de Vittorio Siri (1608-1685), historien travaillant à cette époque à Modène et à Venise. (Fig. 4.)'° Dans son ouvrage, Siri décrit et évalue les événe­4. Frontispice au deuxième volume du Mercurio overo historia de’ correnti tempi publiépar Vittorio Siri, 1647. Gravure en taille-douce de Giacomo Piccini 45

Next

/
Thumbnails
Contents