Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 25. (Budapest, 2007)
András SZILÁGYI: Mercurius navigans. Un pendentif en forme de bateau provenant de la collection Esterházy
ANDRÁS SZILÁGYI MERCURIUS NA VÍG ANS UN PENDENTIF EN FORME DE BATEAU PROVENANT DE LA COLLECTION ESTERHÁZY “L’historien de l’art se distingue du dilettante en ce qu’il a pris conscience de l’écart entre son propre conditionnement et celui d’un artiste qui vécut en d’autres temps.”1 On pourrait ajouter que, si évidente que soit cette idée pour l’auteur cité, ce conditionnement, c’est à dire l’ensemble des éléments spécifiques et dominants de la mentalité marque l’aspect intellectuel général de l’époque donnée. Par conséquent, il marque l’état d’esprit de tous ceux qui sont impliqués dans la création des oeuvres d’art de valeur caractéristiques de leur époque. Ainsi, il détermine non seulement les choix et les décisions des artistes, mais ceux des commanditaires aussi. L’évidence de ces termes ne fait guère de doute. Cependant, au cours de l’analyse d’une oeuvre d’art des siècles passés, la question se pose plutôt de la façon suivante: est- ce à la seule invention de l’artiste que l’on doit l’apparition d’une représentation iconographique insolite ou la volonté et les instructions du commanditaire sont-elles aussi ou encore plus déterminantes pour faire naître un motif iconographique rare, voire singulier? Il est certainement impossible de donner une réponse catégorique. Toutefois, dans notre cas, une réponse possible semble se dessiner, si nous essayons de présenter et de comparer les exemples et les variantes nés à peu près à la même époque: aux 16™' et 17™' siècles, d’une allégorie profane s’inspirant de la mythologie classique. En 1617, à Nuremberg fut publié, par des professeurs de l’école supérieure protestante d’Altdorf, un recueil richement illustré de gravures en taille-douce reproduisant les compositions emblématiques du cycle de fresques de la salle des conseils de l’Hôtel de Ville de Nuremberg. A côté de chaque illustration, on voit les inscriptions originales des emblèmes peintes.2 La plupart des gravures présentent des métaphores de signification assez large, dont une composition en ovale sur laquelle on voit un bateau en mer voguant à pleines voiles vers son but.3 (Fig. 1.) L’illustration est accompagnée d’une épi1. Illustration dans l’Emblemata politica publiée à Nuremberg en 1617. Gravure en taille-douce de Peter Isselburg 43