Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Márta KOVALOVSZKY: Image et discours. Pál Miklós et l'art contemporain

ment de ce dernier, sur le plan de l'attitude cri­tique. Pál Miklós a toujours été attiré par les pro­blèmes théoriques de l'art et preuves en sont, non seulement les livres qu'il a publiés, mais aussi ses comptes-rendus et ses critiques de livres. En l'occurrence, ces dernières, sont allées plus d'une fois bien au-delà du cadre donné des œuvres en question afin de considérer, en esquissant des rapports plus vastes encore, cer­tains phénomènes sous un aspect historique et esthétique élargi; et parvenaient alors, dans leurs conclusions, à des constatations théoriques très poussées. Ainsi, à travers ses jugements et ses critiques, on pouvait percevoir les pro­blèmes qui, pour lui, revêtaient de l'importance, qui s'avéraient être aussi d'une actualité intéressante et mériter un examen approfondi. Le fait qu'au début des années soixante-dix, près d'une décennie durant, Pál Miklós se rapprocha à plusieurs reprises de la notion et des idées de l'art dit réaliste et de l'art socialiste, ne fut pas le fruit du hasard: D'autres membres de sa génération se heurtèrent également à ce phénomène et essayèrent de le comprendre et s'escrimèrent à le surpasser - il suffit ici de mentionner le débat d'idée lancé par Lajos Németh en 1961 dans Új írás (Nouvelle Ecriture). 1 L'esprit bien défini du réalisme socialiste fut encore très présent pendant de longues années, même bien après la révolution de 1956, non seulement dans le style et les ten­dances de l'art hongrois des années 50, mais aussi dans la structure de ses institutions, encore qu'il ait mué en une forme quelque plus différente, plus moderne, qu'il ait pris l'aspect d'un «naturalisme aérodynamique». 2 Dans le même temps, avec le dégel progressif de la « période glaciaire» de la politique et de la poli­tique hongroise, de nouveaux talents apparurent sur la scène de la vie artistique locale, à l'exemple de l'école de Vásárhely, du surnaturalisme, puis, dans la deuxième moitié de la décennie, les premières prétentions néo avant-gardistes se firent déjà entrevoir. Et ce fut justement l'apparition de ces phénomènes qui rendirent inévitable et urgent de regarder en face les idéaux officiels des années cinquante et de les pendre de front. Puis, lorsque parurent, avec la fin des années soixante, les deux tomes regroupant les documents du réalisme socialiste (Szocialista realizmus. [Le réalisme socialiste] I-II. Introduction et choix des textes de Béla Köpeczi. Budapest, Edition Gondolat, 1970), Pál Miklós, dans un long article, s'y consacra avec minutie. 3 C'est principalement en tant qu'historien qu'il se pencha sur ces textes pub­liés et présentés au public. Il les considéra en les plaçant, indiciblement, dans un passé échu, repoussant, pour aussi dire, en douceur cette matière à examen. Tout en exposant avec préci­sion l'étude et les critères de choix retenus par Köpeczi, Pál Miklós lui-même, relève l'absence de certains grands penseurs communistes antérieurs à Marx ou de quelques architectes soviétiques des années 1920. En dernière analyse, il insiste sur le fait que la parution de ce livre était un véritable travail de pionnier, tel qu'à sa connaissance il n'existe encore nul part ailleurs. Ses propos élogieux - « Béla Köpeczi est allé là bien au-delà des objectifs qu'il s'était fixés au départ » - sont contrebalancés par une réflexion prudente avertissant l'auteur qu'il peut s'attendre à recevoir également des griefs de taille. Lorsque des années plus tard, il revient, dans l'un de ses écrits, 4 au thème du réalisme socialiste et, en générale, à «l'art socialiste», il s'exprime d'une façon beaucoup plus ferme et aussi plus critique. Déjà le titre de l'article - Art socialiste, perception de l'art bourgeois - affirmait ses opinions de façon très plastique. Et, après avoir passé en revue les dif­férents phénomènes de «l'art socialiste», en s'y penchant d'un point de vue de phénomène de société, de celui des artistes, comme de celui des récepteurs; après avoir comparé les traits significatifs de l'art du 19 ème et du 20 ème siècle, et, après avoir également désigné les méthodes de « corrections » utilisées par « l'art socialiste » dans le but de métamorphoser les courants de «l'art bourgeois», d'en compléter et d'en démocratiser les institutions, Pál Miklós parvient à des conclusions substantielles de même que décisives. Selon lui, d'ailleurs, ces entreprises furent d'une parfaite inanité: la

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