Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Márta KOVALOVSZKY: Image et discours. Pál Miklós et l'art contemporain

société moderne du 20 ime siècle tâcha vainement de «corriger» les structures artistiques précé­dentes tout comme elle essaya inutilement de confronter et d'inter changer les académies d'art en écoles libres ou les salons officiels en galeries. La politique culturelle socialiste supprima en fin de compte ces nouveaux dérivés, ou, investit de leurs fonctions d'autres institutions: Les écoles libres furent remplacées par des groupes d'études spécialisés, la condi­tion d'artiste fut soumise à un diplôme académique, et le commerce d'œuvre d'art devint étatisé. Ceci revint à dire que cette poli­tique avait aboli la notion même de liberté démocratique en matière d'art et ne considérait, dans une optique élitiste, comme œuvre d'art que les œuvres figurant dans les musées et les expositions solennelles «officielles». Et Pál Miklós n'hésite pas à constater: « Sans le savoir et sans y penser, on jugeait l'Art à partir de critères artistiques bourgeois, conservateurs et étriqués dignes du 19 ème siècle.» 5 L'auteur, tout au long de son article, parcourait et présentait avec l'objectivité d'un historien, les différents courants qui avaient déterminé l'art européen durant ces deux derniers siècles, et, en fin de compte, d'une manière amène, conséquente et imperceptiblement courageuse, osait affronter la réalité en face. «... les structures artistiques qui sont les nôtres, au fond, la vie artistique, le système de commercialisation et de communi­cation de type 'bourgeois' - juste imbibé d'un parfum de démocratie. » 6 Ces termes sont ceux d'un chercheur scientifique qui se reconnaît lui­même de tendance marxiste, mais on peut tout de même sentir à travers eux, ou plutôt, sous­jacents derrière eux, un certain poids émotion­nel qui plane tel un souffle éphémère. Peut-être est-ce à cause de l'époque à laquelle ont été exprimées ces idées que cela nous semble ainsi : vers la fin de la décennie des années soix­ante-dix, les années qui suivirent furent, dans une atmosphère qui laissait déjà pressentir de grands changements, une sorte de résumé­conclusion, d'adieu (tardif?) fait à l'intention du monde historique et artistique du quart de siècle précédent. Parallèlement à son exploration de l'essence même des principes vecteurs de « l'art socialiste » et de leurs contradictions, Pál Miklós s'intéressa à de nombreux autres points, en l'occurrence, il rédigea une étude sur les problèmes de la science artistique et de l'art moderne, dont un choix d'articles fut publié dans son livre de 1976. 7 Parmi ses textes divers analysant les différents éléments et phénomènes traitant de problèmes théoriques, de sémiotique, de science artistique ou relevant du domaine de l'abstrac­tion et du naturalisme, les plus intéressants sont ceux où il explore le domaine de la culture visuelle. N'oublions pas cependant que ces œuvres ont été écrites dans la première moitié des années soixante-dix, au moment où, au sein de l'art universel, avaient lieu, dans le monde entier, des bouleversements drastiques de base : les démarcations existant entre les différents genres appartenant aux beaux-arts appelés classiques, se délitèrent et disparurent et, - en partie à la suite de cela, en partie du fait des nouvelles techniques et des nouveaux états d'esprit -, un nouvel idiome visuel se profila. Et Pál Miklós, doté d'une sensibilité hors norme, remarqua immédiatement les premiers signes avant-coureurs de ces changements. Il fut parmi les premiers à reconnaître que « la notion de culture visuelle est nouvelle de même que le inonde phénoménal qui se cache derrière elle, est, lui aussi, un produit historique récent ». B II avait tout de suite saisi l'interdépendance de la culture visuelle et de celle fixée à l'aide de signes linguistiques. Lorsqu'il établit, qu'en apparence, ces deux cultures étaient en opposi­tion, il détermina en même temps qu'elles étaient bel et bien solidaires l'une de l'autre, et qu'elles renfermaient en elles les deux facettes complémentaires et cohésives d'un même monde phénoménal: La culture visuelle émet des informations de type objectif et la culture linguistique transcrite, elle, vient compléter ces informations d'un point de vue subjectif. La fonction caractéristique de ces deux cultures distinctes est aussi différente: la première est concrète, sensuelle tandis que la seconde est d'une approche d'essence plus abstraite. Aujourd'hui, quand l'équilibre entre ces deux

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