Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Zsuzsa GÁSPÁR: A qui apartient le musée? Le musée et le public

aussi bien les professionnels que le public tout venant, certes un peu moins pointues sur le plan de la recherche scientifique mais par contre, très attractives aux yeux des visiteurs. En 1979, le musée n'a toujours pas d'exposition perma­nente. Par contre, cette année-là se termine l'exposition Les Chefs d'œuvre de l'art décoratif européen (Az európai iparművészet remekei) qui prenait place au rez-de-chaussée du musée et fonctionnait depuis des années en véritable exposition permanente. La présentation d'enver­gure qui réunissait la collaboration de plusieurs services et le grand événement de l'année fut, en octobre, l'ouverture de l'exposition intitulée Trésors des collections ecclésiastiques (Egyházi gyűjtemények kincsei). Cette exposition organisée par Katalin Dávid et Szilvia Maros avait sa part de valeur politiquement «sensation­nelle» et d'ailleurs, le nombre de ses visiteurs emboîta le pas à ce phénomène! Mais, au-delà du «sensationnel», elle accomplissait aussi la tâche, si chère à Pál Miklós, d'un musée d'art, qui, pour reprendre ses propres termes, était "d'entretenir les points-clés primordiaux de la culture visuelle, ses topiques les plus connus et ses symboles, de les expliciter et de les réinterpréter sans cesse différemment, de les actualiser, de les sauve­garder en tant que garantie d'une continuité des traditions pour les générations futures". Un cata­logue plein d'informations fut imprimé sur le thème de l'exposition. Et dans ce cas précis, comme la notion de «prestation» était imprati­cable eu égard au thème en vigueur, un choix étonnant de visites guidées de type éducatif fut proposé à un public très demandeur. Qu'il me soit permis de faire ici appel à un souvenir qui me tient particulièrement à cœur : lorsque nous accompagnions ces fameuses visites guidées, nous ressentions presque toujours cette émotion forte, cet impact très grand - et avec le recul du temps, encore plus appréciable - que le principe d'aménagement de l'exposition exerçait sur le public en présentant, réunis dans une même vitrine, des objets liturgiques provenant des diverses Églises historiques de l'ancienne Hongrie. Ils étaient là, ensemble, classés et présentés par de différentes époques de l'histoire des arts. Voici, par ordre chronologique, d'autres exemples d'expositions qui eurent, elles aussi, un succès retentissant auprès du public et dont le thème, bien que plus restreint, scientifiquement parlant était fort intéressant. Il s'agissait donc de : L'art décoratif russe du XVIII et XTX ème siècle, organisée par Ildikó Mikes, Les dessins du Proche-Orient de Géza Maróti, par Sára Ivánfy­Balogh, Les Ex-libris hongrois, par Piroska Weiner, Les anciens tapis de prière orientaux, par Károly Gombos et Les Miniatures et boîtes à tabac, réalisées par Éva Koroknay. Ces exposi­tions avaient toutes le même soucis. Celui de faire connaître au grand public, des objets, des sujets, des techniques qui, scientifiquement, ne représentaient peut-être que des sous-chapitres, mais qui, pour tout un chacun étaient attrayants, intéressants voire même amusants. De plus, objets du quotidien, ils appartenaient à la vie tout en étant, là, appréhendés au-delà de leur fonction utilitaire. En 1979, il y eut donc deux expositions de ce style : la présentation des œuvres graphiques de Kató Kaesz-Lukács et une mostra dit «de chambre» sous le titre Les perles et la mode. 1979 fut aussi l'année d'une nouvelle initiative : la création de la série intitulée L'objet d'art du mois. A propos de cette initiative, il est intéressant d'ajouter quelques mots. L'objectif en était de répondre à la question que se posaient depuis fort longtemps les professionnels des musées d'art. Certes, il est vrai, bon nombre d'œuvres d'art possèdent une sorte de dimension temporelle immanente «incorporée» à elles-mêmes. Plus simplement parlant, le visiteur (qu'il soit spé­cialiste ou néophyte) doit prendre le temps de « faire connaissance » avec l'œuvre d'art afin de parvenir à en déceler ses caractéristiques et ses qualités esthétiques. De même, il est aussi fréquent que nous passions devant un tableau, une sculpture, un objet d'art sans pour autant «prêter attention» à la lecture de tout ou partie de ce que cet objet contient d'enseignement. L'objet d'art du mois avait donc été élaboré pour palier à cette difficulté. Les objets choisis, s'il le fallait, étaient exposés de façon à ce que le public puisse en faire entièrement le tour. Les supports infor­matifs, textes ou photos, placés près des objets,

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