Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Zsuzsa GÁSPÁR: A qui apartient le musée? Le musée et le public

ment de la totalité de l'édifice de Zsuzsa Szenes, la première mostra à Budapest des objets­mobiles d'István Haraszty et les sculptures de verre de Zoltán Bohus. Et ce fut avec cette dernière exposition que la série se clôtura en 1981. Série qui avait, sous d'autres aspects également, donné vie aux concepts et aux idées de Pál Miklós en les concrétisant. Certaines de ces expositions furent, de surcroît, dotées d'un catalogue de format standard adapté à chaque artiste présenté et dont la réalisation esthétique ainsi que le nombre des illustrations était généralement en équilibre par rapport au carac­tère temporaire de l'exposition. En outre, les responsables et organisateurs des expositions, en trinquant traditionnellement les verres à la fin de l'incontournable vernissage de l'exposition (dont le but principal était non pas de satisfaire les intervenants mais susciter l'intérêt du public !), n'estimaient pas pour autant leur tâche accomplie et terminée : Ils se faisaient un devoir de participer activement à la réalisation des différents programmes annexes qui venaient compléter la présentation des œuvres. En voici quelques exemples, dans l'ordre chronologique. Je mentionnerais néanmoins que tous les programmes complémentaires avaient lieu à l'intérieur de l'espace d'exposition, au milieu des objets présentés. Tout ceci étant pris en compte lors des aménagements. Pour l'ouverture de l'exposition d'Erzsébet Schaar, par exemple, Katalin Néray et László Fábián débattirent de la problématique du temps et de l'espace telle qu'elle apparaissait dans les œuvres de Schaar, et, à la fin des débats, les participants ont eu le loisir d'inspecter un film présentant l'artiste. A l'occasion de l'ouverture de l'exposition d'Endre Bálint, cette fois ce fut le psychologue, Ferenc Mérei, qui s'entretint avec l'artiste des rapports existant entre le jeu et le hasard. La semaine suivante, le compositeur György Kurtág donna une soirée musicale d'auteur et, huit jours plus tard, Endre Bálint au cours d'un diaporama, y présentait ses peintures encore inconnues. Nous l'avons peut-être déjà très vite oublié mais il est important de préciser qu'à l'époque, ni Ferenc Mérei ni même Kurtág qui jouissait pourtant déjà d'un renom international et qui, depuis, reçut le prix Kossuth, n'apparte­naient au cercle des personnalités reconnues ni des penseurs appréciés du large public - pour nous exprimer, cette fois, avec tact et modéra­tion! Le texte de présentation imprimé sur les cartons d'invitation de l'exposition de Mihály Schéner, Sculptures-jeu, avait été écrit par l'architecte Máté Major. L'exposition fut ouverte par le poète Ferenc Juhász et une table ronde fut animée par des jeunes créateurs, des psycho­logues et des professionnels de l'industrie, ayant pour thème de débat: L'esthétique des jouets d'enfants. Eut également lieu plus tard une soirée littéraire durant laquelle István Ágh déclama ses poèmes inspirés des sculptures de Schéner. Quant au vernissage de l'exposition des objets en céramiques d 'Ildikó Polgár, il fut agré­menté d'un concert et, une semaine plus tard, à l'instigation de l'artiste, une soirée poétique autour du poète István Eörsi résonna au milieu des céramiques. Si nous étudions de plus près la teneur de ces programmes, nous nous aperce­vons qu'ils ne «complétaient» pas simplement le contenu des expositions mais en étaient des parties organiquement intégrées de la « présenta­tion, de la mostra». De plus, fait non moins négligeable, cette série, et par-là même, le musée, ouvrit ses portes à des couches sociales intéressées, ouvertes et cultivées qui, en d'autres circonstances, n'auraient jamais franchi l'entrée du Musée des Arts Décoratifs, le jugeant comme le gardien ennuyeux et vieux-jeu d'objets désuets et poussiéreux. Et - comme il en ressort peut-être de cet exposé - cette série d'expositions parvint à réaliser tout ce que Pál Miklós concevait comme inhérent et incontournable pour tout musée digne de ce nom et qu'il avait défini par écrit en 1976 selon les termes de "travail coriace, méthodique et de longue haleine". Cet objectif fut également atteint avec la créa­tion en 1978 de la Division Moderne et Méthodologique. Les tâches incombant à cette section, ou plus précisément, en son sein, au groupe investi des œuvres culturelles et éduca­tives, étaient subordonnées aux deux activités principales de la division fondatrice : Le devoir essentiel étant la gestion méthodologique des

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