Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)
Zsuzsa GÁSPÁR: A qui apartient le musée? Le musée et le public
expositions et du service du Public. Au centre du service du Public l'accent était mis sur l'organisation des activités proposées à la jeunesse. Ceci allait de pair avec la position de Pál Miklós qui affirmait "qu'il fallait habituer les enfants aux musées (...) et que la manière la plus efficace d'y parvenir, bien entendu à côté du fait que la visite des musées devait faire partie officiellement des programmes scolaires, était que les enfants trouvassent dans le musée ce petit quelque chose qui les incite à revenir (par exemple, dans leur temps libre, avec les parents)". Dès le départ, il était de notre devoir de prendre sérieusement en considération, lors de l'organisation des expositions et des programmes annexes, les attentes et les désirs du public d'enfants. Examinons tout d'abord justement les corrélations qui pouvaient exister entre le public d'enfants et les thèmes des expositions présentées. Eu égard au fait que, chaque année, nous organisions des expositions dont le contenu était également susceptible d'intéresser les enfants {Les Perles et la mode, l'Exposition de Kató Lukács et plus tard, celles de la série intitulée L'Objet d'art du mois ou encore Les sculpturesjeu de Mihály Schéner faisant partie de la série Création d'espace - Elaboration d'objet), il n'y eut pas cependant d'expositions, à proprement parler, conçues spécialement pour les enfants. L'Année Internationale de l'Enfance de 1979, nous offrit pour la première fois l'occasion d'organiser une exposition de jouets qui reçut le titre poétique suivant : Le portail d'or est ouvert suivi du sous-titre : pour enfants et adultes. Et comme nos collections du musée étaient surtout composées de pièces qui à l'origine avaient été confectionnées pour adultes - par exemple, pistes et tableaux de jeux de société, cartes de jeux, etc. ... - et que nous ne possédions que quelques poupées de porcelaine, mobiliers et dînettes d'enfants, arlequins et poupées articulées de carton à habiller, pour faire revivre le monde des enfants d'antan, nous firent appel à des collectionneurs privés qui vinrent compléter de leurs trésors notre présentation. Au cours des différentes phases de l'organisation de l'exposition, nous prêtâmes un maximum d'attention aux données physiques du public visé: nous plaçâmes donc les vitrines à la hauteur des yeux des enfants. L'aménagement des salles était aussi censé contribuer à ce que, sur toute la superficie de l'exposition, les visiteurs ne se contentent pas d'être des récepteurs passifs. Le lieu, c'est à dire, le grand hall, fut divisé en deux par un portail gigantesque composé d'oiseaux stylisés. L'espace consacré au jeu était donc visiblement détaché des vitrines remplies d'objets de valeur historique, soulignant ainsi la double fonction de l'exposition : la présentation classique et traditionnelle des objets d'art et l'activité pédagogique et éducative diffusée par le musée. Cette dernière était présentée par des artistes et des artisans, des marionnettistes qui y dirigeaient des ateliers où les enfants pouvaient jouer, dessiner, peindre, construire des labyrinthes ou confectionner des poupées de chiffon à partir de bas. Le catalogue de l'exposition était lui aussi très ludique. Aussi, à la place d'un catalogue classique habituel, nous avions choisi d'imprimer en « reprint » une poupée de carton en kit datant de l'époque Biedermeier (tendance en Europe Centrale plus ou moins équivalente au style Louis-Philippe). Au dos, nous y avions inscrit, à côté du mode d'emploi, les horaires des différentes activités offertes aux enfants qui entraient dans le cadre de l'exposition. Le dernier dimanche de mai, journée dédiée à l'enfance, le hall du musée se vit transformé en véritable aire de jeu tapageuse et le resta pendant toute la durée de l'exposition. Dans ce «palais consacré aux arts », il aurait été, quelques années auparavant, encore inimaginable d'organiser ce genre de chose. L'ouverture de cette exposition eut aussi sa singularité en présentant en guise de conclusion aux discours d'inauguration de l'écrivain Balázs Vargha, un jeu de marionnettes signé Szilvia Granasztói, suivi d'un concert de comptines enfantines donné par le groupe Muzsikás auquel, bien entendu, le public était invité à participer en chantant. Pour revenir à la différence existant entre des expositions s'adressant à un public d'adultes et