Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 23. (Budapest, 2004)

Zsuzsa GÁSPÁR: A qui apartient le musée? Le musée et le public

ZSUZSA GÁSPÁR A QUI APPARTIENT LE MUSEE? LE MUSEE ET LE PUBLIC Avec mon profond respect envers Pá! Miklós, en souvenir de ma collègue et amie Márta Péter Au cours de mes travaux de recherche pour préparer ma communication, j'ai feuilleté divers documents et correspondances datant des années durant lesquelles le musée était sous la direction de Pàl Miklós. Parmi ceux-ci, je suis tombée sur une note interne adressée à lui en personne. En 1983, le musée participa à une exposition au Palais des Expositions de Budapest (Műcsarnok) intitulée Projet et Création de valeurs (Tervezés és értékteremtés). Le Musée des Arts Décoratifs de Budapest y avait eu également une unité indépendante afin de présenter cette idée à tra­vers des objets anciens. Cette note décrivait la conception proposée et Pál Miklós y surajoutait en annotation le titre qu'il proposait à cette expo­sition en cours d'aménagement : La Sauvegarde des Valeurs en tant qu' « une des » conditions à la création de Valeurs. Cette proposition écrite à la main se distinguait en haut de la feuille dactylo­graphiée. Je crois que ceci aurait été le titre idéal à la hauteur d'une communication consacrée, à partir des différents travaux de Miklós, à son activité de « bâtisseur » du musée et de « forma­teur » de l'institution. Cette formulation explicite basée sur un mode de pensée clair, limpide, originale et logique reflétait, sans équivoque aucune, une des qualités de Pál Miklós les plus caractéristiques de sa personnalité. Pál Miklós naquit en 1927 dans un petit village des alentours de Diósgyőr, au sein d'une famille modeste que l'on pourrait qualifier aujourd'hui selon la formule consacrée de « petite classe moyenne ». Il fit ses humanités à Miskolc et, après guerre, étudia, à Budapest, à l'Université et devint alors membre du «légendaire» Collège Eötvös comme l'indique d'ailleurs son célèbre « epitheton ornans ». Il y obtint un diplôme d'Histoire de la Littérature hongroise et française. En 1951, alors qu'il était tout juste marié, il vit venir une chance unique de sa vie en obtenant une Bourse chinoise de trois ans. Ces trois années furent décisives pour sa carrière et il devint sinologue patenté sans pour autant jamais ressentir le besoin de faire un choix entre culture européenne et extrême-orientale. Et, c'est avec une culture personnelle hors-pair et légendaire, grâce à son érudition exemplaire et son sens inné pour percevoir le moindre prob­lème, qu'au cours de sa carrière, il put jongler à loisir et sans la moindre difficulté entre les différentes cultures. L'analyse traditionnelle des objets et des œuvres d'art ne lui suffisait guère et il fut, un des premiers, en Hongrie, à avoir recours à l'analyse esthétique structurelle et sémiotique. Parmi ses qualités les plus marquantes, on peut énumérer son calme et sa sérénité épicés d'un brin d'ironie, son exigence scrupuleuse en matière de précision de la rédaction et sa très large ouverture d'esprit vis-à-vis d'idées différentes des siennes. Parallèlement, celui qui le connaissait de plus près, savait aussi per­tinemment qu'il pouvait aussi être irascible: ses colères, la plupart du temps, étaient déclenchées par la bêtise et la paresse de certains. Par contre, il éprouvait un respect sans réserve pour le travail et l'application judicieuse d'autrui. Les collaborateurs qui aimaient leur travail et le faisaient sans rechigner, savaient aussi qu'ils pouvaient compter sur lui sans équivoque aucune. La seconde grande chance de sa vie, à l'image de la bourse chinoise, le 'trouva' en 1975,

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