Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 22. (Budapest, 2003)

András SZILÁGYI: Deux médailles commémoratives des années vingt du 19eme siecle. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'apres les esquisses de Louis Lafitte

qu'il y paraît), l'auteur saisit l'occasion pour y englober le personnage et le corps politique influents du moment - en l'occurrence le roi de France Louis XVIII et son gouvernement envers lesquels l'éloge était une tâche rhétorique obligatoire et difficile à manier. 3 Le «juste retour des choses» dont la maison d'édition bénéficie sous forme de participation sage et généreuse sur décision gouvernementale et faveur spéciale du roi, en est la réédition de l'ouvrage de C. L. Panckoucke. La conclusion du raisonnement est donc claire et sans équivoque : la vulgarisation des sciences et le soutien matériel et moral octroyé aux spécialistes sont toutes deux des actions avantageuses devant servir d'exemples. Et c'est d'ailleurs grâce à ce genre d'intervention que le pays - au sens large: la nation, la patrie - dirigé avec une sagesse avisée, doit dorénavant asseoir et accroître son auréole de gloire tout comme sa propre estime. Bien entendu, la subvention gouvernementale, toute généreuse fût-elle, ne fut évidemment pas suffisante. Il fut donc nécessaire de trouver rapidement d'autres membres bienfaiteurs et d'élargir le cercle des souscripteurs (de toute évidence afin d'amortir et de rembourser les emprunts contractés). C'est donc dans ce but que l'auteur - J.J. Champollion-Figeac - eut recours à une solution tout aussi astucieuse que prometteuse. Il fit savoir à ses lecteurs que la maison d'édition - avec une aide efficiente «officielle» puisque bénéficiant d'une subvention gouvernementale - venait de faire frapper une médaille - à des dimensions différentes vendues à prix fixe, c'est à dire en échange d'une juste contrepartie de sa valeur - susceptible d'être acquise par les clients, anciens ou à venir, passant commande de l'édition en folio de l'ouvrage. Plus encore, les clients le désirant pouvaient même recevoir leur exemplaire avec leur nom gravé sur la médaille. C'est pourquoi il fut demandé à ces nouveaux et potentiels souscripteurs de renvoyer leur bon de commande en y précisant leurs rangs et titres. Les spécimens de la médaille furent bel et bien élaborés pour la publication de l'œuvre comme le démontre les illustrations représentant l'avers et le revers de la médaille situées en quatrième page (non numérotée) du volume (fig. 1 et 2). Les observations de ChampollionFigeac s'avèrent être encore plus intéressantes lorsqu'il décrit l'effigie se trouvant sur l'avers de la «Médaille Egyptienne». Il en profite pour initier le lecteur et lui expliquer la signification de cette composition allégorique mettant en scène deux personnages. «La face de la médaille montre le génie militaire de la France, portant de la main gauche l'enseigne gauloise et l'olivier de la paix, et soulevant, de la droite, le voile qui enveloppait l'Egypte. Cette contrée est personnifiée par la figure d'une femme triste et surprise, coiffée de la dépouille d'un vautour; le serpent sacré (l'Ura;us...ie bon génie) lève la tête sur son front. Elle est appuyée du bras droit sur un crocodile du Nil, derrière elle s'élève le palmier du désert. Dans sa main droite est le sistre et devant elle un compas, symbole de ses progrès dans les sciences mathématiques. L'inscription qui est à l'exergue marque l'époque de la renaissance de l'Egypte par l'effet de l'expédition française: Gallia victrice Aegyptus rediviva 1798.» 4 Cette citation - sorte de résumé concis du syntagme Gallia victrix apparaissant dans la légende de la médaille - montre clairement que nous avons affaire à un produit singulier et tendancieux du journalisme politique. Il s'agit là d'un genre qui, nous le savons, est loin de présenter à nu les faits historiques de façon détaillée, objective et digne de foi. A vrai dire, l'auteur de l'œuvre écrite - d'après les instructions duquel l'effigie de la médaille fut élaborée et qui d'ailleurs semble être aussi «l'inventeur» de la composition - doit ici s'acquitter d'une tâche peu évidente. Il se trouve investi du rôle d'exalter à outrance la redécouverte de l'Egypte en tant que gloire nationale et en tant qu'entreprise héroïque accroissant dignement la célébrité de la mère patrie: une évidence! Seulement voilà, il fallait qu'il soit au fait des derniers revirements de la politique en vigueur et de ses principes de base. Il lui fallait connaître, dans cette dixième année de la