Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 22. (Budapest, 2003)

András SZILÁGYI: Deux médailles commémoratives des années vingt du 19eme siecle. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'apres les esquisses de Louis Lafitte

Restauration des Bourbon, quelle était la nature des sentiments nourris par l'opinion publique officielle et la propagande politique dictée par la cour, envers les personnages célèbres issus du passé récent. Et plus particulièrement à l'égard de ceux que l'ancien régime qualifiait d'enne­mis jurés et traitait en personnages dangereux, néfastes, nuisibles et hasardeux: on les mépri­sait, on en détestait même certains - mais surtout on s'en méfiait car on craignait le retour de leur popularité. Cette aversion chronique et ces sentiments belliqueux étaient surtout dirigés contre Napoléon et contre tous ceux qui, à un moment donné, avaient été proches, d'une façon ou d'une autre, de l'empereur des Français. L'auteur de la préface de l'ouvrage avait donc de bonnes raisons pour négliger de men­tionner le personnage du général Bonaparte et pour ne faire aucune allusion à celui qui avait entrepris et mené cette campagne militaire ainsi qu'aux chefs militaires qui l'avaient suivi dans cette expédition. Par contre, découle de cette situation une conséquence logique pleine d'évi­dence, à savoir, celle de trouver et de présenter tel idéal ou telle idée enthousiasmante de sub­stitution, susceptibles de remplacer ce person­nage historique hors pair, véritable opérateur de ces faits héroïques. Or, l'idée, en définitive, est «à portée de main». Elle peut même s'assumer et se clamer en toute fierté et bonne conscience sous le sceau des sentiments patriotiques qui l'animent sans que, pour autant, l'auteur ne succombe à une quelconque déformation his­torique des actes. Ce publiciste inventif inter­prète la résurrection de l'Egypte en tant que performance ponctuelle du génie militaire de la France et la définit de la sorte. La solution, certes, est ingénieuse et digne d'intérêt mais le résultat, reconnaissons-le, ne s'est pas avéré des plus réussis. Il est tout aussi susceptible d'engendrer des réserves voire des désapprobations que de susciter l'approbation générale. La première de ces deux réactions possibles semble justifiée si on confronte la conception ainsi que l'effigie qui l'illustre aux faits historiques connus. Les faits, force est de constater, sont connus de tous et nous pouvons donc faire l'économie du détail des combats. Il suffit de citer les triomphes les plus éclatants et, avant tout, la victoire d'Aboukir du 25 juillet 1799 - faits d'armes intimement liés au nom du général Bonaparte 5 . En ce qui concerne le dé­roulement de l'expédition militaire, on peut dire que l'armée française put rejoindre sans encombres majeures le port de Toulon en novembre 1801 et, somme toute, en comptabili­sant peu de pertes. Et ce, finalement, grâce aux accords passés entre le général Menou et l'ami­ral Nelson, commandant en chef de la flotte anglaise. Ce qu'il en ressort d'essentiel, c'est que la campagne militaire d'Egypte menée par l'armée française, à la lumière des buts straté­giques initiaux, ne peut être qualifiée de « réussie » et encore moins de triomphale. La création d'un protectorat français en Egypte ­afin de tenir « en échec » l'empire colonial bri­tannique - s'avéra rapidement un objectif dépourvu du sens des réalités. De sorte que même le génie militaire français fût incapable de réaliser cette conception ambitieuse. Mais tout ceci ne représente qu'une «partie» des faits. Il existe des conséquences - aux­quelles nous avons déjà fait allusion plus haut ­qui ne sont absolument pas contestables. On ne peut guère contester par exemple, l'opinion de ceux qui croient que la civilisation et la culture de l'Egypte ancienne seraient alors (à savoir, 1825, année de parution de l'ouvrage) encore inconnues et constitueraient encore une énigme à nos yeux si l'expédition militaire française en terre égyptienne n'avait pas eu lieu. Ceci est la preuve qu'il fut donc nécessaire d'avoir recours à une multitude de savants avisés et de spécia­listes audacieux qui purent déployer, au bon moment et au bon endroit, leurs activités et mérites respectifs savamment conjugués. Or, tout ceci ne pouvait se produire que dans le cadre d'une entreprise militaire de grande envergure et bien préparée. L'expédition fut donc menée à bien par l'armée française - les hommes de sciences, soit dit en passant, étaient tous des membres de cette armée au grade d'of­ficier -, ce qui revient à dire que le résultat, en fin de compte, symbolise le triomphe des armes françaises. La renaissance de la culture millé­naire égyptienne est, en ce sens, un des faits

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