Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 22. (Budapest, 2003)

András SZILÁGYI: Deux médailles commémoratives des années vingt du 19eme siecle. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'apres les esquisses de Louis Lafitte

Bien entendu, ces vestiges d'une valeur ine­stimable, furent naturellement indispensables à la découverte et à la vulgarisation de la culture de l'Egypte ancienne. Dans ce domaine, la pre­mière entreprise de grande envergure est liée au nom de Charles Louis Panckoucke (1780-1844). Ce fut lui qui publia, en 1820, cet imposant ouvrage intitulé Description de l'Egypte ou Recueil des observations et des recherches qui ont été faites en Egypte pendant l'expédition de l'armée française qui, pour la première fois offrit une image d'ensemble de l'ex-empire des Pharaons. Manifestement, dans le sillon des découvertes de Champollion, la réédition de cet ouvrage d'art, dans une version retravaillée et enrichie, devint subitement pour la maison d'édition, une affaire non seulement d'actualité mais, tout à fait urgente. Nous pourrions imaginer qu'au cours de la réactualisation dudit ouvrage, on privilégia, avant tout, les différents points de vue scien­tifiques. Et bien, il n'en fut pas exactement de la sorte. Les connaissances récemment élargies, la diffusion d'informations exactes assises sur des bases aussi bien nouvelles que solides, le traite­ment de ces dernières ainsi que la compréhen­sion scientifique de celles-ci, furent autant d'éléments qui reçurent le poids qui leur incom­bait. Mais, dans le même temps apparut, et cela non sans moins d'insistance, un point de vue nouveau - qui n'était, au fond, autre que la com­binaison de tous les autres - à savoir, celui que nous pourrions qualifier, faute de meilleur terme, de considération «idéologique». A la question qui serait de savoir ce que nous enten­dons par «considération idéologique», la réponse nous est donnée de façon claire et évi­dente dans la préface de l'ouvrage - dans sa deuxième version parue en 1825 - dont l'auteur est également une figure de proue de la vie intel­lectuelle française de l'époque. Il s'agit, en l'oc­currence, du frère aîné du savant explorateur, Jean-Jacques Champollion-Figeac (1778-1867), qui bénéficiait d'un excellent réseau de relations et qui exerçait une sérieuse influence sur la pen­sée politique française de cette première moitié du XIXème siècle. Sa prose, si l'on en juge par cette fameuse préface rédigée avec faste et élo­quence, fait office de référence en matière de journalisme politique. Il nous semble donc intéressant d'étudier son raisonnement et d'en extraire le message fondamental. Le point de départ de son analyse nous paraît clair et indiscutable. L'univers de l'Egypte anci­enne, depuis la chute de l'empire des Pharaons, devint, pendant près de 3000 ans, une terra incognita pour les civilisations qui lui suc­cédèrent. Il aura donc fallu qu'intervienne un élément majeur d'ordre politique et de portée mondiale, pour que cette situation évolue posi­tivement. Et cet événement en question (ou plutôt un enchaînement d'événements, une série de faits majeurs et héroïques) ne fut autre que la très glorieuse et triomphale campagne d'Egypte menée par l'armée française. Entreprise mili­taire grandiose qui, outre le fait de servir des desseins stratégiques, fut également investie d'une véritable mission. Précisons quand même, qu'il n'est pas cité ici, ni dans les chapitres suivants d'ailleurs, aucun des objectifs stratégiques, des motifs ou des mobiles poli­tiques en jeu. Pas plus que ne sont nommés les chefs de l'expédition ; il n'est mentionné ni le nom du général Bonaparte, ni celui du maréchal Kléber qui lui succéda, ni même celui du général Menou, dernier commandant des troupes sur le chemin du retour. Par contre, la préface fait mention - pas nominativement non plus - des chercheurs, savants et hommes de science qui, agissant sous l'égide de l'armée, rapportèrent à la France gloire et renommée. Ces derniers, sans pour autant être nommés, sont, en quelques sortes, glorifiés par des phras­es enthousiastes aux accents lyriques. Pour la plupart des géodésistes, des archi­tectes, des géologues, d'érudits physiciens et archéologues qui, grâce à leurs connaissances, leur assiduité dans le travail et leur abnégation dans le dévouement, révélèrent les secrets cachés depuis des millénaires du berceau de l'humanité. La France prend alors conscience, non sans une légitime fierté, de l'importance du résultat de leurs recherches. Elle voit en eux les preuves irréfutables et l'illustration brillante de son esprit missionnaire 2 . Ici, au moment où la fièvre lyrique atteinte son point culminent (à ce

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