Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 22. (Budapest, 2003)
András SZILÁGYI: Deux médailles commémoratives des années vingt du 19eme siecle. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'apres les esquisses de Louis Lafitte
ANDRÁS SZILAGYI DEUX MÉDAILLES COMMÉMORATIVES DES ANNÉES VINGT DU 19ÈME SIÈCLE. Remarques sur les compositions exécutées par Jean-Jacques Barre d'après les esquisses de Louis Lafitte Revêtant d'un aspect ambivalent particulier le genre de la médaille commemorative se caractérise, à la fois, par une prédilection pour les tendances conservatrices et par sa capacité d'innovation. La grande majorité des pièces est élaborée sur la base de compositions de type traditionnel, celles-ci sont cependant complétées et enrichies par des motifs ingénieux, parfois modernes et plein d'invention. Cette dualité prévaut avec succès tout au long de la première moitié du XIXème siècle dans l'art numismatique français, et plus particulièrement dans les œuvres signées J.J. Barre Parmi ces œuvres, nous en choisirons deux que nous aimerions présenter et étudier de plus près. Notre choix est en premier lieu motivé par le fait que ces deux pièces ont, en quelques sortes, une « incidente » hongroise spécifique - bien que d'une portée différente. Un exemplaire de chacune des deux médailles commémoratives en question se trouve au Musée National Hongrois, au département des Médailles. Bien qu'elles ne jouissent d'une valeur ou rareté exceptionnelle, les deux médailles peuvent tout de même être considérées, à certains égard, comme pièces quasiuniques. Ajoutons par ailleurs que cette constatation qui n'est pas à prendre à la lettre ne s'applique en définitive qu'à une seule des deux médailles, comme nous le verrons par la suite. Dans le processus de formation de l'Egyptologie - en tant que science à part - mais également dans un sens plus large, dans l'histoire des sciences universelles, les découvertes de Jean François Champollion relèvent d'une extrême importance pour l'époque : en 1822, pour la première fois, un jeune et eminent chercheur de 32 ans réussit à déchiffrer l'écriture hiéroglyphique de l'Egypte ancienne. On comprend aisément que la découverte fut qualifiée de sensationnelle et connut, à juste titre, un écho magistral, dans l'Europe entière, et plus singulièrement encore, après que l'Académie Française, deux plus tard, la rende publique, en 1824, dans une publication indépendante intitulée «Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens». Dans le cadre de découvertes scientifiques, mêmes lorsqu'elles sont, comme celle-ci, d'une haute importance, au-delà des résultats dus à une chance fortuite ou à une série de coïncidences, intervient également une sorte de loi du hasard. Ce qui ici s'applique aussi à la découverte, à l'époque, d'un Champollion. Et ce, d'autant plus qu'il s'avère, a posteriori, légitime - comme si la conjoncture des antécédents immédiats avait été programmée et commanditée - que la tâche de déchiffrer le ou les secrets des hiéroglyphes anciens en incombe à un homme de science français. Mais, au fait, quels étaient-ils ces antécédents immédiats ? En tout premier lieu, le fait connu et reconnu de tous, selon lequel, dans les années 1800, la culture de l'Egypte ancienne sortit de l'oubli et qu'un grand nombre de reliques d'une valeur sans précédent, furent acheminées depuis la terre des Pharaons jusqu'en France, pour devenir, dans leur majorité, propriété de la Bibliothèque Nationale et autres collections publiques. Et tout ceci, en définitive, constitua le «butin» des célèbres campagnes napoléoniennes en Egypte (1798-1801) - au sens propre et concret du terme.