Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 21. (Budapest, 2002)

In Memoriam

de sinologie. D'autre part, le nom de Pál Miklós s'est fait connaître auprès d'un cercle plus élargi, celui des hommes cultivés de son pays mais aussi du monde entier comme étant un auteur de référen­ce dans son domaine d'application. L'oeil du dragon, introduction à l'iconographie de la peinture chinoise, c'est le titre du livre dans lequel chaque mot, chaque expression, chaque tournure d'esprit a son poids, son importance, son message particulier pareillement aux titres inven­tifs des chapitres, des descriptions analytiques et des illustrations qui composent les trois cents pages de l'ouvrage. Le lecteur, attiré par cet art particulier et tout à fait autonome de l'apostrophe, est, dès l'introduction, immédiatement initié à un monde éloigné dans le temps et dans l'espace. La résonance pleine d'enthousiasme évoquée par les éditions en langues étrangères - allemande, fran­çaise, polonaise - en est la preuve convaincante. En 1973, au moment de sa publication, alors qu'il travaillait déjà depuis plus de dix ans à l'Institut des Sciences Littéraires de l'Académie des Sciences de Hongrie, Pál Miklós participa, en tant qu'auteur et rédacteur, à la parution de recueils d'études et de périodiques prestigieux. Cette pério­de marquaient l'apparition des nouvelles méthodes d'analyse littéraire qui se sont répandues et ont été appréciées en Hongrie, á savoir le structuralisme et la sémiotique. Il faut souligner que la contribution de Pál Miklós a été fondamentale dans cette évolu­tion. Le 2 janvier 1975 marqua un tournant décisif et une nouvelle épreuve dans sa carrière puisqu'il fut nommé conservateur en chef du Musée des Arts Décoratifs. Certes, la tâche qu'on lui assignait n'était pas complètement nouvelle pour lui. Il avait en effet travaillé, de 1954 à 1958, au Musée d'Art d'Extrême Orient Ferenc Hopp. Il avait donc acquis un réel savoir-faire concernant l'organisa­tion des expositions et les autres travaux de re­cherches au sein des studiolos des musées. Aujour­d'hui, avec le recul nécessaire, nous pouvons assu­rément affirmer que cette décennie marque une période « ascendante » dans l'histoire du Musée des Arts décoratifs: mise en place d'expositions nouvelles, nouveaux projets de recherche, prise et reprise de contacts professionnels, tout cela grâce à Pál Miklós qui a tout fait pour créer dans cet éta­blissement un atelier de recherche de renom où les collègues, membres d'une véritable équipe de tra­vail suivent de près les activités et les résultats scientifiques des uns et des autres. Doté d'un profond sens pédagogique et connais­sant les talents, la capacité de travail et les prédis­positions de chacun de ses collaborateurs, il savait parfaitement qui encourager vers un travail philo­logique minutieux ou qui orienter vers un contexte plus large. Par la grâce du destin, même âgé, il continuait à faire preuve d'une ouverture d'esprit et d'une sou­plesse intellectuelle incroyablement jeune, ce dont témoignent ses nombreux recueils d'études: Lectu­re et signification (1971), Culture visuelle (1976), L'art et le zen (1978), Image et communication (1980), Encre et pinceau - études d'histoire de la culture chinoise (1996). Cet esprit prodigieux aura marqué pour la vie ses anciens élèves à l'Uni­versité ELTE: devenus historiens de l'art, orienta­listes, esthètes ou sociologues, qui ne cessent aujourd'hui d'y faire référence avec enthousiasme. Nous devons remercier le sort pour avoir eu maintes fois l'occasion, même après 1987, l'année de son départ en retraite, d'écouter ses opinions et ses remarques toujours exactes et formulées en toute franchise au sujet d'expositions ou de publi­cations. On pourrait voir comme une sorte de sym­bole dans le titre «Conserver le patrimoine - hom­mage au donateur» , celui de la dernière exposi­tion, inaugurée en mai 2000 dans «la salle grise» de notre musée, exposition qu'il avait d'ailleurs beaucoup appréciée. «Oui, le patrimoine. Le patri­moine doit être conservé», avait-il prononcé d'un ton suggestif, empreint d'une certaine ironie. Alors, nous avions tous pensé surtout au sens propre du mot, à l'héritage matériel et désormais, cette phrase a acquis une signification spirituelle. Merci pour cet héritage. Nous essaierons de conserver ce qui doit l'être et nous tâcherons d'être dignes de l'héritage spirituel du défunt conserva­teur en chef de notre musée. András Szilágyi

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