Szilágyi András (szerk.): Ars Decorativa 21. (Budapest, 2002)

In Memoriam

PÁL MIKLÓS (1927-2002) « ...un jour, le maître Wou Tao-tseu qui comme nous le savons n'est pas mort, peignit un paysage merveilleux sur le mur du palais. Après que l'empe­reur lui-même eut admiré le tableau, le peintre, sans pro­noncer un seul mot, pénétra dans le paysage. Il s'enga­gea sur le sentier qui menait vers les cimes et disparut à travers les montagnes voi­lées de vapeurs. Personne ne le revit plus jamais. » Ainsi s'achève l'histoire légendaire que Pál Miklós a choisie pour la mettre en exergue à son ouvrage principal, L'iconographie de la peinture chinoise. Le maître nous quitte, il disparaît, personne ne le revoit plus en chair et en os, mais il nous laisse son oeuvre pour instruire la postérité. Une oeuvre constituée cette fois-ci non pas de peintures ou de dessins, mais de divers essais distinctement formulés, d'écrits substantiels qui nous invitent à la réflexion. Ceux qui ont eu la chance de connaître Pál Mik­lós en personne - littéraires, historiens de l'art, spécialistes de la culture orientale en Hongrie et à l'étranger - garderont un souvenir pregnant de ses observations fines, de ses prises de position pré­cises. La cohérence de ses idées, la clarté de son esprit lui ont valu non seulement des lecteurs fidèles, mais aussi des collègues dévoués parmi ceux qui, à une étape de sa vie, ont entretenu avec lui des rapports de travail quotidiens. L'itinéraire de sa vie traverse des périodes mou­vementées et de grandes distances, au sens propre du mot aussi. En effet, après ses études au lycée de Miskolc, il entra en 1946 en première année à l'Université Péter Pázmány de Budapest. Parallèlement, ses capacités intellectuelles et son érudition lui permi­rent d'intégrer le presti­gieux Collège Eötvös de la rue Ménesi où des profes­seurs comme Lajos Fùlep, Sándor Eckhardt ou Albert Gyergyai lui forgèrent un esprit sensible aux con­textes historiques et cultu­rels, dans les domaines de l'histoire de l'art d'une part, et des littératures hongroise et française d'autre part. Sensibilité, ouverture d'es­prit, curiosité multiple - ces qualités s'appliquaient à tous les élevés du Collège Eötvös, et particulière­ment à Pál Miklós pour qui venait s'ajouter le désir inassouvi de relever les grands défis de la vie, de se lancer sur des chemins inconnus et mystérieux tout en étant conscient des risques que cette entreprise pouvait présenter. Jeune diplômé en langues et littératures hon­groise et française et en histoire de l'art, il entreprit ensuite de poursuivre ses études à l'Université de Pékin en Chine grâce à une bourse de recherche. Passer trois ans dans la Chine d'alors aurait proba­blement fait reculer la plupart des jeunes aspirant à une carrière scientifique, mais lui se sentait irrésis­tiblement attiré par ce voyage d'études hors du commun qu'il considérait comme la grande aven­ture de sa vie bien conscient malgré tout de ses dif­ficultés et ses risques. Quel a été le véritable apport de ces études post­graduelles qui ont duré jusqu'en 1954? Les faits, c'est à dire les résultats scientifiques obtenus à cette période ont été depuis longtemps enregistrés et traités en détail par les manuels et encyclopédies

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