Imre Jakabffy (szerk.): Ars Decorativa 2. (Budapest, 1974)

Le Musée des Arts Décoratifs en 1972

Raphaël, Dürer et Holbein, ont collaboré eux-mêmes à l'exécution de travaux déco­ratifs, à l'achèvement de tâches appartenant au domaine des arts décoratifs. En Hongrie, à l'époque de la Renaissance et du baroque, il était de rigueur que les maîtres exécutent des oeuvres appartenant aux différentes branches artistiques: l'architecte peignait et dessinait des décorations, les ébénistes­peintres décoraient des meubles et peig­naient des plafonds de bois, les artistes de la porcelaine étaient souvent des sculpteurs et des peintres, l'imagier — s'il était né­cessaire — peignait des armoires, des dra­peaux, des enseignes, des cadrans, etc. On pourrait encore longuement énumérer les exemples des maîtres étrangers venus en Hongrie et des artistes hongrois. Nous men­tionnerons parmi les premiers exemples intéressants le cas de Benedetto da Majano, cité par Vasari; lorsque le maître florentin arrivant à Bude avec les meubles contre­plaqués qu'il avait lui-même exécutés, vit qu'ils avaient été endommagés durant le long voyage, il abandonna l'ébénisterie et devint sculpteur. Pareillement, Chimenti Camicia, dont le métier était l'ébénisterie, fit des plans pour les châteaux du roi Mathias et exécuta des fontaines, des églises etc. Le prince Rákóczi chargea les peintres de faire les dessins de ses robes puisqu'il n'était pas satisfait de celles que les couturiers lui préparaient avec des fils d'or. La fusion des métiers et des arts se fait fortement valoir chez les moines arti­stes qui, aux XVII e et XVIII e siècles, ont joué un rôle important: la plupart étaient versés dans nombreux arts : les architectes dessinent des plans, peignent et font des décorations, les sculpteurs sculptent des statues, des stalles, des chaires, des figures et des ornements. Ces liens étroits entre les différentes branches de l'art sont corroborés par le fait que plus d'un peintre ou sculpteur sont issus de familles d'artisans: c'est du père orfèvre ou ébéniste qu'ils apprennent les éléments fondamentaux de leur métier. Mais il arrive aussi que les artisans font des études pour un temps plus ou moins long chez des sculpteurs ou des peintres, et déjà avant la création d'écoles de dessin ils avaient l'occasion d'acquérir certaines connaissances du dessin et des autres arts. Comme, en général, pour la formation des maîtres, ce sont les corporations qui, aux XVII e et XVIII e siècles, donnent un cadre aux rapports entre les métiers, et il est intéressant d'observer à cet égard le changement et la transformation des règle­ments des corporations. Au XVI e siècle, les corporations comprenaient les métiers les plus différents, les peintres, les verriers et les menuisiers figurent souvent ensemble. La différenciation commençant au XVII e siècle se conforme aux possibilités et aux demandes. Dans les villes qui se déve­loppent plus rapidement, le peintre et le sculpteur s'efforcent de se séparer des arti­sans, des menuisiers et insistent sur l'im­portance de l'art qui a un rang plus élevé. Toutefois, dans la pratique il était presque impossible de séparer complètement ces sphères de travaux à l'intérieur du régime des corporations. Ce n'est qu'à partir de la seconde moitié du XVIII e siècle que se fait valoir la séparation stricte des activités artistiques, et cela chez les artistes acadé­miques indépendants, en premier lieu chez les artistes d'origine étrangère, puis chez les artistes hongrois. Outre les rapports personnels, l'appli­cation et l'apparition ensemble des oeuvres d'art plastiques et d'arts décoratifs consti­tuent un facteur décisif. Aux XVII e et XVIII e siècles l'entrelacement de l'archi­tecture, de la peinture, de la sculpture et des arts décoratifs est plus organique et plus naturel que de nos jours, et bien plus complet, bien plus nuancé qu'on ne le 219

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